Ceta : en voyage au Canada, Gabriel Attal souhaite rassurer Ottawa sur la position de la France

Trois semaines après le rejet par le Sénat de cet accord de libre-échange entre la France et le Canada, Gabriel Attal va réaffirmer que le gouvernement français est favorable à ce traité.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gabriel Attal, Premier ministre, inaugure la capitale française de la culture 2024, à Montbéliard, le 16 mars 2024. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Pour son premier déplacement officiel hors d’Europe, le Premier ministre a choisi de passer 48 heures au Canada, mercredi 10 et jeudi 11 avril. Il s’agit, entre autres, de rassurer Ottawa, après le rejet d’un accord commercial par le Sénat français. "Vive le Québec libre !" avait lancé le général de Gaulle, lors de son déplacement au Canada en juillet 1967. La provocation avait généré un incident diplomatique immédiat. Aucun risque que Gabriel Attal se livre mercredi 10 avril à ce genre de facéties. L'heure est plutôt au rapprochement avec le Canada, pays ami, pays allié, mais un peu délaissé ces dernières années. Cela faisait huit ans qu'un Premier ministre français ne s'était pas rendu sur place.


La transition écologique, la laïcité, l’immigration et les accords commerciaux figurent au menu de cette visite officielle. Sur ce dernier volet, Gabriel Attal devra apaiser les doutes des autorités canadiennes, trois semaines après le rejet par le Sénat français du Ceta, un traité de libre-échange entre l’UE et le Canada. "On s'attend à ce que Gabriel Attal ne rate pas une occasion de [nous] rassure[r]", anticipe l'ambassadeur canadien en France, interrogé par le Figaro. Une câlinothérapie, donc, et des promesses : l'exécutif français va tout faire pour empêcher que l'Assemblée nationale, après le Sénat, rejette elle aussi ce traité de libre-échange. Bref, l'opération "Sauvez le Ceta" est lancée. 

L'enjeu des accords commerciaux 


Le gouvernement français considère cet accord commercial avec le Canada comme un "accord modèle". Il comprend des clauses écologiques et des garde-fous contre la concurrence déloyale. Ce traité interdit, par exemple, l’importation en Europe de bœuf aux hormones canadien. À l’inverse, le gouvernement français est opposé à un autre projet d’accord commercial, le traité avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Paris craint qu’avec cet accord, le bœuf argentin et le soja brésilien inondent le marché européen. "On ne peut pas être contre tous les traités à la fois, sinon on passe pour des ennemis du commerce", avertit un ministre français. D’ailleurs, la frilosité de Paris agace les pays européens, notamment l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Suède, qui sont favorables au libre-échange. 

C'est d'ailleurs le paradoxe d'Emmanuel Macron, perçu en France comme un libéral, mais vu en Europe comme un protectionniste. Voilà pourquoi le gouvernement français veut montrer sa bonne foi. Et relancer ce traité avec le Canada. 

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