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Aux États-Unis, le genre "neutre" désormais possible sur tous les passeports

Ni "masculin" ni "féminin", mais "X" ou "neutre". Aux États-Unis, les personnes qui se reconnaissent comme "non-binaires" peuvent désormais choisir un troisième genre sur leur passeport.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un passeport américain qui appartient à une personne de sexe féminin. (STEFANI REYNOLDS / AFP)

Pour faire modifier son document d'identité aux États-Unis et passer par exemple du genre féminin assigné à la naissance au genre neutre, il suffit de cocher la case "X" qui figure depuis lundi 11 avril sur tous les formulaires. Aucune justification médicale ou psychologique n'est exigée. "Les personnes transgenres sont parmi les plus courageuses de notre pays, dit la Maison Blanche dans un communiqué. Mais personne ne devrait être courageux juste pour être soi-même."


Jusqu'ici 21 États américains et la capitale Washington proposaient déjà cette possibilité pour les permis de conduire, mais c'est la première fois que le pays l'impose pour les passeports au niveau fédéral. C'était une promesse faite à l’automne par l'administration Biden. Le département d'État avait déjà révélé, en octobre 2021, avoir délivré à titre exceptionnel le premier passeport américain doté d'un "X" sous la mention "sexe". 

Un sujet clivant

D'après une étude du Williams Institute, un think tank de l'Université de Californie qui travaille sur les politiques publiques en faveur des LGBTQ+, environ 1,2 million de personnes se définissent comme non-binaires aux États-Unis, nées homme ou femme mais ne se reconnaissant ni dans l'un ni dans l'autre. Selon les statistiques des Nations Unies, entre 0,05% et 1,7% de la population mondiale est intersexe. Toutes ne devraient pas pour autant se précipiter pour faire modifier leur passeport.

Le think tank estime qu'il y aura un peu plus de 16 000 demandes pour la première année. La question reste un sujet clivant, comme toutes les questions de genre et d’identité.

Législations restrictives pour les transgenres

Dans certains États conservateurs, les réglementations sont très restrictives et défavorables aux transgenres ou personnes intersexes. Dans l'Alabama, par exemple, les médecins n'ont pas le droit de prescrire des hormones aux mineurs pour les aider dans leur changement de sexe, c'est illégal. Pour la même raison au Texas, des enquêtes ont été ouvertes contre des parents cette fois, parce qu'une directive du gouverneur assimile les traitements hormonaux à des "mauvais traitements" punis par la loi. 

L'école n'est pas épargnée : en Floride, on n'y discute pas sexualité et identité de genre, c'est interdit. Au Tennessee, les élèves transgenres ne participent pas aux cours de sport. "L’administration [fédérale] condamne la prolifération d’attaques législatives dangereuses", dit le communiqué de la Maison Blanche, qui prévoit d'autres initiatives pour faciliter les démarches administratives des personnes transgenres et la création d'un site web sur la transition de genre, pour les jeunes et leurs parents.

Pas de mention du sexe sur les cartes d'identité en Allemagne

D'autres pays au monde ont mis en place le genre neutre dans les documents officiels : l'Australie, la pionnière, l'a fait dès 2011, suivie entre autres par l'Argentine (2012), l'Inde (2014), la Nouvelle-Zélande (2015) et le Canada, où depuis 2018 l’administration demande également à son personnel de ne plus employer d'office ni "Monsieur", ni "Madame" ni "Mademoiselle" mais de demander aux usagers comment ils souhaitent être nommés. Une phrase de l'hymne national a même été légèrement modifiée pour être plus inclusive.

L'Allemagne, premier pays en Europe à s'engager sur cette voie, a, de son côté, carrément décidé de supprimer toute mention du sexe sur les cartes d'identité nationale. Les Pays-Bas veulent faire la même chose d'ici trois ans au plus tard. Pour les passeports, en revanche, elle reste obligatoire dans toute l'union européenne.

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