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Au Mexique, les narcotrafiquants infiltrent les plateformes de jeux vidéo pour recruter des jeunes

Le gouvernement mexicain est très inquiet et alerte les parents car désormais les narcotrafiquants n'hésitent à aller chercher de nouvelles recrues, souvent très jeunes, directement dans les jeux vidéo.

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une manette de jeu vidéo. (BERTRAND GUAY / AFP)

C'est le secrétaire d'État mexicain à la Sécurité, Ricardo Mejia, qui a livré cette histoire aux médias. Au début du mois, dans l'État de Oaxaca (sud du Mexique), trois jeunes âgés de 11 à 14 ans ont été enrolés par un groupe criminel. Leur mission : faire les guetteurs – dans le jargon, "être un faucon"– autrement dit surveiller les fréquences radios, ou se positionner dans un secteur précis et alerter en cas de présence policière pour un salaire d'environ 350 euros.

Ces trois mineurs, d'abord portés disparus, avaient été pris en charge par une femme près d'une gare routière. Cette femme a depuis été arrêtée. Le recrutement s'est déroulé loin du regard des parents. Un premier garçon a été contacté via la messagerie du jeu pour téléphone portable "Free Fire", un jeu en ligne qui compte des dizaines de millions d'utilisateurs dans le monde. Le principe est simple : jusqu'à 50 joueurs dans une arène. Il faut tuer les autres participants, être le survivant.Entre deux coups de feu virtuels, le rabatteur présumé a pu échanger avec ce jeune joueur, "commencer le processus de persuasion" indique les autorités mexicaines. Le mineur a accepté l'offre qu'il a partagée avec deux copains d'école.

"Narco-marketing"

L'avertissement du gouvernement mexicain ne se limite pas à ce jeu en particulier. On peut citer GTA, Fortnite, par exemple. Des jeux au succès fou prisés des jeunes. "Des jeux Playstation, X box, Nintendo", affirme le secrétaire d’État mexicain à la sécurité. Les trafiquants se logent partout, selon Ricardo Mejia, les criminels repèrent les profils de joueurs accros à l'adrénaline. Ils envoient des messages à l'aube pour contourner la surveillance parentale.Tout est anonyme évidemment. Les délinquants se cachent derrière des pseudos. Un pseudo en particulier : "CJNG". Un acronyme qui n'a rien d'anodin qui renvoie au "Cartel jalisco nueva generacion", un cartel redoutable, l'un des plus dangereux dans le monde et le mieux armé du Mexique selon le département américain de la Justice américain. Ce cartel veut s'adresser à la jeunesse en publiant sur Instagram ou TikTok des images, des vidéos "likées",  des centaines de milliers de fois.  On voit des armes, des liasses de billets, des voitures de luxe et parfois de la drogue évidemment. Avec souvent une bande-son tout sauf anxiogène. On trouve des best-of de ces vidéos assez facilement sur YouTube. Des experts on trouvé le terme adéquat : le narco-marketing.

Les jeunes sont des proies faciles

Le Redim, le réseau pour les droits de l'enfance au Mexique, estimait en septembre que 145 000 à 250 000 enfants dans le pays courent le risque d'être recruté par des groupes criminels. Mais dans un communiqué, l'organisation précise que : "les jeux vidéo, les plateformes numériques ne sont pas responsables". "Interdire les jeux vidéo est une fausse solution", estime le Redim qui demande au gouvernement "une stratégie globale de prévention", et insiste sur les "inégalités sociales" qui rendent ces jeunes vulnérables face aux trafiquants.

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