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Au Brésil, l'île qui n'accueille que des touristes déjà contaminés par le Covid-19

Pour mieux maîtriser l'épidémie, l'île préservée de Fernando de Noronha, au Brésil, n'accepte depuis le 1er septembre que des touristes ayant déjà été contaminés par le coronavirus.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vu d'une plage de l'île Fernando de Noronha, au nord du Brésil. (SEBASTIAO MOREIRA / EFE)

L'île brésilienne de Fernando de Noronha côté pile, c'est un paysage de carte postale : à une heure de vol du continent, en plein océan Atlantique, des eaux couleur turquoise dans lesquelles nagent dauphins et tortues géantes, des îlots de roche volcanique recouverts d'une végétation luxuriante, des plages sauvages, régulièrement classées parmi les plus belles du monde... L'archipel est depuis 2001 classé au patrimoine mondial de l'humanité, les visites y sont contrôlées et limitées. A l'arrivée, il faut s'acquitter d'une "taxe de préservation" d'environ 15 euros par jour.

Fernando de Noronha côté face, c'est aussi l'île sur laquelle, en 2009, ont été rapatriés les corps des passagers du vol Rio-Paris qui s'était abîmé dans l'Atlantique, à 1 000 kilomètres au nord-est : 228 morts. L'une des pires catastrophes aériennes en France. L'île n'a pas échappé non plus au coronavirus. Pendant plus de cinq mois, son aéroport est resté fermé : plus de jet set brésilienne, plus de touristes étrangers, plus de devises, nada ! Même les résidents partis sur le continent n'ont pas pu revenir chez eux avant la mi-juin.

Un accès limité aux personnes guéries du Covid

Les autorités ont donc décidé de faire revenir très progressivement les touristes. Avec une condition : présenter les résultats d'un test positif au Covid-19. Soit un test sérologique (de moins de trois mois), soit un test PCR (de plus de 20 jours) : preuve que l'on a déjà été contaminé et - plus important encore - qu'on en est guéri. Les documents doivent être envoyés par mail avant l'arrivée.

Pour l'instant les vols n'ont repris qu'à un rythme hebdomadaire : les contrôles sont donc assez faciles. Par précaution, un deuxième test est d'ailleurs obligatoire à l'arrivée. En attendant le résultat il faut porter un petit bracelet d'identification. En cas de résultat positif, c'est la mise en quarantaine. Pas question évidemment en cas de test négatif. Ces mesures ont permis de maîtriser l'épidémie : l'île n'a enregistré que 97 cas au total, et aucun décès.

Une initiative qui ne plaît pas à tout le monde

On est à rebours de ce que font la majorité des autres pays qui eux exigent des tests négatifs : des touristes qui n'ont jamais été malades mais voudraient bien faire un petit tour sur l'île sont furieux, parlent d'une discrimination "absurde et illégale". Les habitants eux dénoncent un "protocole hasardeux" qui ne répond à aucune recommandation de l'OMS.

On ne sait pas encore quand l'île rouvrira de façon moins restrictive. Mais l'exemple de Fernando de Noronha est d'autant plus étonnant dans un pays, le Brésil, qui est l'un des plus touchés par le coronavirus ! Plus de 4 millions de malades, près de 130 000 morts... Et surtout un président qui continue de ne pas croire à l'épidémie et de serrer des mains sans porter de masque. Jair Bolsonaro avait annoncé être positif au coronavirus. Certains, comme l'ancien président Lula, l'accusent même d'avoir menti uniquement pour "faire la propagande" de l'hydroxychloroquine, qu'il avait présentée comme un médicament miracle. Pas sûr que le président brésilien aille de sitôt faire un tour sur Fernando de Noronha

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