Après deux mois de crise, la violence gagne le Liban
La planète tourne et nous posons le doigt mercredi matin à Beyrouth au Liban, où les consultations en vue d'un nouveau gouvernement ont débuté dans un climat tendu.
Beyrouth vit depuis deux mois au rythme des manifestations, d’une paralysie générale de l’Etat et d’une crise sociale et politique sans précédent depuis la guerre. Mais depuis quelques jours, quelque chose s’est cassé au Liban. Jusqu’à présent, les manifestations n’étaient pas violentes. Elles témoignaient justement d’une détermination sans faille de la population qui ne veut plus qu’on lui parle à longueur de temps de religion et qui veut chasser du pouvoir une élite corrompue, incapable, selon elle, de sortir le Liban de sa crise. Depuis que le Parlement est entré en consultation pour trouver un successeur au Premier ministre démissionnaire, Saad Harriri, les affrontements se multiplient.
Consensus impossible entre les partis et la rue
Les formations politiques ne veulent pas entendre l’immense cri de colère de la rue, qui demande la mise en place d'un gouvernement de technocrates, non-politiques et non-religieux. Mais le successeur de Saad Harriri pourrait être Saad Harriri lui-même. Deux formations chrétiennes s’opposent à son retour. Or, pour être Premier ministre du Liban, il faut composer avec toutes les forces en présence : chrétiennes, sunnites et chiites. C’est ce fameux équilibre institutionnel issu de la guerre civile qui a conduit à un partage du pouvoir immuable entre les mêmes clans et les mêmes hommes depuis 30 ans.
Risque d'embrasement
Les armes ne sont jamais loin dans un pays tellement habitué à la guerre. Depuis le week-end dernier, des affrontements ont eu lieu entre des milices chiites et des manifestants anti-gouvernement, puis des heurts entre ces chiites et la police. Les forces de l’ordre se tendent, ont alors tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour la première fois depuis le début des manifestations. Un cran a été franchi. Des barricades ont été érigées devant le Parlement. Le pouvoir semble figé. Les jours qui viennent sont cruciaux pour l’avenir du Liban.
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