Afghanistan : c'est la rentrée à l'université, mais pour les garçons seulement
"Pas question qu’elles mettent un pied à l’université", cette interdiction qui avait créé la stupeur, fin décembre, a été appliquée à la lettre en cette rentrée, au prétexte que les étudiantes ne respectaient pas leurs obligations : à savoir être intégralement voilée pour assister aux cours, et arriver accompagnées d’un marham, un homme de leur famille.
Une étudiante de l'université d'Herat a enregistré une vidéo portant des vêtements d'homme parce qu'"être une femme en Afghanistan est désormais un crime". Elle demande au monde de ne pas les oublier, alors qu’elles se battent pour la liberté
— Simone Rodan-Benzaquen (@srodan) January 4, 2023
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Pendant les vacances, le ministre de l'Enseignement supérieur a même menacé de "poursuites judiciaires" les facultés privées qui oseraient laisser leurs étudiantes passer les examens de fin d’année.
Certains talibans sont pourtant prêts à faire quelques concessions (notamment ceux qui en toute hypocrisie ont envoyé leurs propres filles étudier à l'étranger), mais c’est aujourd’hui la frange la plus dure du régime qui impose ses conditions, celle du chef suprême, Hibatullah Akhundzada, et des religieux ultra-conservateurs qui le conseillent.
Le nombre de mariages forcés en hausse
L'interdiction d’aller à l'université, c'est un exemple de répression parmi beaucoup d’autres. Depuis qu’ils ont repris le contrôle du pays il y a un an et demi, les talibans cherchent à effacer les femmes de la vie publique : les écoles secondaires et les lycées sont fermés. Les femmes ont l'interdiction de travailler dans un emploi en contact avec le public et l'interdiction de se montrer dans les salles de sport, les parcs ou jardins.
Au nom d’une interprétation ultra-rigoriste de l’islam, la moitié de la population se retrouve privée de ses droits fondamentaux. Amnesty International soulignait l’an dernier que le nombre de mariages de petites filles et de mariages forcés avait augmenté.
Un pays profondément patriarcal
Difficile de résister : des étudiantes ont posté une lettre sur les réseaux sociaux, elles ont appelé leurs camarades masculins et leurs profs à boycotter les cours, mais l’Afghanistan reste un pays profondément conservateur, patriarcal où les actes de solidarité sont rares.
Aujourd'hui, toutes les universités ont rouvert en Afghanistan après les vacances d'hiver, mais uniquement pour les hommes.
— lettres de Teheran (@LettresTeheran) March 6, 2023
Ces jeunes femmes afghanes manifestent pacifiquement devant l'université de Kaboul contre l'interdiction d'aller à pic.twitter.com/vv2rNHURQr… https://t.co/3QBc2rvPp1
Un enseignant en journalisme qui avait protesté début février en déchirant ses diplômes en direct à la télévision a été battu et détenu pendant 32 jours, il a été libéré dimanche.
A security source told TOLOnews that Ismail Mashal, a university professor who was arrested by the Islamic Emirate a while ago, has been released. pic.twitter.com/HEt7k44XFf
— اخبار عاجل و تحليل اوضاع - افغانستان وجهان (@kgvh6v) March 2, 2023
Par ailleurs même si les pratiques du régime suscitent une vague de condamnations dans le monde, y compris dans des pays musulmans, les pressions venues de l’extérieur ne changent rien. Les Talibans semblent bien plus soucieux aujourd'hui d’appliquer la Charia comme ils l’entendent que de faire croire qu'ils ont changé pour obtenir la reconnaissance de la communauté internationale et les aides économiques qui vont avec.
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