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À Amsterdam, le cannabis bientôt interdit pour les touristes étrangers ?

C'est un serpent de mer : la municipalité d'Amsterdam, aux Pays-Bas, veut faire la chasse aux touristes fumeurs de cannabis. Sa vente dans les coffee-shops serait réservée aux résidents. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
De la marijuana est pesée pour un client dans un café du centre-ville d'Amsterdam (Hollande). (EVERT ELZINGA / ANP via AFP)

Avant le Covid-19, le fameux quartier rouge d'Amsterdam attirait chaque année trois millions de personnes venues de toute l'Europe (France, Allemagne et Belgique en tête). Des touristes attirés par les prostituées en vitrine et les coffee-shops, où l'on peut acheter et fumer son cannabis. Ce n'est pas légal mais toléré.

Avec la fin de la pandémie, ce tourisme d'un genre un peu particulier est reparti de plus belle. Les nuisances aussi. Pendant le week-end de Pâques, deux Français de 22 et 27 ans ont été blessés lors d'une altercation par des coups de couteau, place de la vieille église, en plein cœur du quartier rouge.

La maire de la ville dénonce une hausse de la violence et de la criminalité. Et pour limiter les flux de jeunes fêtards source de tant de problèmes, elle propose d'interdire la vente de marijuana aux touristes étrangers, pour la réserver aux habitants.

Une loi existe au niveau national

Ce sujet est un serpent de mer. Une loi existe déjà au niveau national qui limite l'accès des coffee-shops aux habitants. À Amsterdam, elle n'a jamais été appliquée. La maire Femke Halsema, qui est en poste depuis 2018, a soumis l'an dernier au conseil municipal son projet de "critère de résidence" pour la vente de cannabis.

Cela n'a pas été adopté. Les élus ont eu peur de voir se développer le marché noir et les dealers de rue, la consommation de drogues dures et l'insécurité, citant les exemples d'autres villes comme Maastricht et Den Bosch. L'autre argument, c'est que de nombreux commerçants seraient contraints de baisser le rideau. Selon des études locales, 66 coffee-shops suffiraient à répondre à la demande locale. Selon le Dutch News, il y en a 166 aujourd'hui.

300 policiers supplémentaires

Cette année, sa mesure présentée le 11 avril n'a guère plus de chances de passer : les démocrates et la gauche verte, qui sont majoritaires au conseil municipal, sont toujours opposés à cette mesure, ils l'ont fait savoir. Ils estiment aussi que pour bien l'appliquer et décourager les acheteurs étrangers de cannabis il faudrait 300 policiers supplémentaires dans les rues de la ville. On n'y est pas.

Il y a aussi la question des conséquences économiques. Selon une enquête réalisée l'an dernier par le département des statistiques de la ville, un tiers des touristes répondent que s'ils ne sont plus autorisés à entrer dans les coffee-shops, ils viendront moins souvent à Amsterdam. Un sur dix répond même "plus du tout" ! Mais la maire (écologiste) tient bon contre son propre parti. Elle lancé une nouvelle campagne contre le commerce de rue, avec des panneaux d'avertissement, une surveillance accrue par caméra et le recours à des "hôtes" pour avertir les touristes des risques dans le centre-ville et le quartier rouge.

Et si son projet ne passe pas, elle a une autre idée : faire déménager le quartier rouge, pour relocaliser l'industrie du sexe et de la drogue à l'extérieur de la ville dans un grand centre commercial pour adultes, Eros Center, 5 000 mètres carrés d'activités sexuelles et de divertissement. Le projet est toujours dans les cartons.

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