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Réfugiés : l'Australie évacue de force le centre de rétention de Manus, qu'elle aurait préféré garder secret

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu : vendredi, l'évacuation musclée par l'Australie d'un "camp de la honte", qu'elle avait elle-même ouvert pour appliquer sa politique anti immigration.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le centre de rétention australien de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image non datée diffusée le 23 novembre 2017.  (REUTERS / HANDOUT)

Les réfugiés ne sont plus les bienvenus sur l’ile de Manus, en Papouasie, ou l'Australie avait ouvert un centre de rétention. Ainsi en a décidé le gouvernement australien qui a fait procéder jeudi 23 novembre à l’évacuation du centre par la police.

Une opération musclée, menée le plus discrètement possible tant ce centre de rétention est sujet à controverses depuis plusieurs années. Pourquoi ? Pour une raison très simple, la politique du gouvernement australien en matière de réfugiés, c’est zéro réfugié. Ce qui, en passant, peut étonner tant ce pays est constitué d’immigrants.

Depuis environ trois ans et depuis l’afflux massif de réfugiés, l’Australie a fermé ses portes. Et mis en place un dispositif maritime qui intercepte les bateaux de réfugiés venus d’Indonésie. Parfois, ils sont raccompagnés en haute mer, mais la plupart du temps, les bateaux sont remorqués vers l’ile de Manus, petite île de la Papouasie-Nouvelle-Guinée où les réfugiés sont ensuite emmenés dans un centre de rétention.

Black-out sur les conditions sanitaires

Les conditions de vie y sont très difficiles : pas d’hygiène ou presque, les réfugiés sont logés souvent dans des tentes que la chaleur infernale de cette île tropicale rend inhabitables, pas ou peu de prises en charge sanitaires. Les quelques médecins et infirmières qui se rendent sur place sont effarés par ce qu’ils y voient et alertent les autorités. Mais le gouvernement australien est un peu chatouilleux au sujet du camp de l’île de Manus et fait une drôle de réponse à ce personnel médical, en adoptant une loi qui interdit à quiconque de communiquer avec les médias sur ce qui se passe à Manus.

L’ONU est entrée dans la danse par le biais du Haut commissariat aux réfugiés et a mis la pression sur le gouvernement australien. Celui-ci finit par annoncer au début de l’automne que le camp, où il reste actuellement 700 hommes, sera fermé au 31 octobre et que les retenus seront transférés dans un autre centre construit à la va-vite.

Cela peut paraître fou, mais les réfugiés refusent de partir. Depuis trois semaines, ils vivaient sans eau et sans électricité, et quasiment sans nourriture. Jusqu’à l’évacuation commencée jeudi, qui ne dit pas ce qu’ils vont devenir.

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