Le monde de Marie. La Corée du Sud fait la grève de la natalité
La Corée du Sud est le pays où le taux de fécondité est le plus faible du monde. Les jeunes femmes veulent privilégier leurs études et le travail.
En Corée du Sud, un phénomène a pris une ampleur sans précédent : la grève des naissances. Le pays est en effet celui où l'on rencontre le taux de fécondité le plus faible du monde. Ce dernier devrait tomber à 1,07 enfant par femme cette année, là où l'on en compte deux par femme en France. Au fur et à mesure que les années passaient, le miracle économique a fait exploser le PIB sud-coréen mais imploser le taux de fécondité. Le travail absorbe tellement le pays qu'il menace à long terme sa santé démographique. Les femmes en Corée du Sud sont, comme les hommes, submergées de travail avec des journées quasiment les plus longues des pays de l'OCDE pour des salaires qui sont très inférieurs à ceux des hommes.
Et dans une société profondément patriarcale, les femmes doivent s'occuper quasi-exclusivement des enfants. En plus, de nombreuses entreprises préfèrent pousser dehors des femmes enceintes plutôt que de leur payer un congé maternité. Et quand elles parviennent à avoir un enfant, les reproches pleuvent sur elles, d'un côté comme de l'autre. Si elles partent trop tard pour récupérer leurs enfant à la crèche, elles sont qualifiés "d'égoïstes, d'ambitieuses". Si à l’inverse, elles partent à l'heure pour la crèche, on leur dit qu'elle "ne sont pas assez concernées" par leur travail.
La "grève des naissances"
Beaucoup de femmes ne veulent ni du mariage ni des enfants, mais souhaitent plutôt une carrière car elles savent qu'elles ne pourront pas conjuguer famille et travail. Actuellement, seulement 68% des étudiantes sud-coréennes ont l'intention de se marier contre 80% des étudiants. Pour beaucoup de jeunes-filles, le mariage dans leur pays n'est rien de moins qu'un cimetière pour toutes les femmes intelligentes et ambitieuses. Illustration ultime de ce phénomène : la ministre de la Famille et de l'Égalité entre les sexes (c'est le terme exact), madame Chung, a choisi il y a bien longtemps de rester célibataire pour faire carrière à l’université, puis en politique. C'est elle qui est chargée de faire remonter le taux de fécondité. Depuis 2006, la Corée du Sud a dépensé l'équivalent de 80 milliards d'euros dans des programmes en faveur du mariage et de la famille, mais l'argent n'a pas suffi : c'est maintenant aux mentalités de changer.
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