Le monde de Marie. En Malaisie, le champion de l'opposition est un ancien Premier ministre de 92 ans
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, la prestation de serment de Mahathir Mohamad, qui met fin à 61 ans d'un pouvoir autoritaire.
C’est une élection historique qui s’est jouée en Malaisie, une première depuis l’indépendance du pays il y a 60 ans. Pour la première fois, depuis 1957, depuis l’independance de la Malaisie, ex-colonie britannique, le parti au pouvoir a cédé sa place.
Bien obligé, tant le Premier ministre sortant était bombardé d’accusations de corruption depuis 2015 et le scandale 1MDB, le nom d’un fond d’investissement souverain de l’Etat malaisien. Une broutille de 4 milliards de dollars d’argent public évanoui dans la nature ou, peut-être, dans les proches du Premier ministre sortant et de quelques autres de ses relations dont notamment Leo DiCaprio. Le scandale est énorme, mais il n’empêche aucunement le Premier ministre de se représenter pour un troisième mandat aux élections législatives du 9 mai, sur de gagner. C’est raté.
Premier ministre pendant 22 ans, et opposant sur le tard
Et c’est donc l’opposition à ce régime autoritaire qui va prendre la main. Mais pour l’emporter, l’opposition s’est réorganisée, bien obligée après la condamnation de son numéro un à vingt ans de prison pour sodomie en 2009. Il fallait trouver un nouveau leader, et cet homme providentiel c’est Mahathir Mohamad, considéré aujourd’hui comme le père de la modernisation du pays, qui fut le Premier ministre du parti au pouvoir pendant 22 ans, jusqu’en 2003. Un homme qui, depuis, avait pris ses distances avec le pouvoir, et qui avait rejoint l’opposition en 2016, inquiet disait-il de voir son pays partir à veau l’eau avec ce Premier ministre voleur, qui fut pourtant un de ses protégés, et qui a mis tout le monde d’accord.
Mahathir Mohamad a pris ses fonctions de Premier ministre jeudi 10 mai, établissant par la même une sorte de record, puisqu’il est âgé de 92 ans, le plus vieux chef de gouvernement du monde. Mais son âge ne l’a pas privé d’un certain sens de l’humour. Ces derniers jours, il accueillait les journalistes avec ces mots de bienvenue : "Mais oui, mais oui, c’est encore moi, je suis toujours vivant".
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