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Le monde de Marie. En Italie, Matteo Salvini menace de retirer sa protection policière à Roberto Saviano, le journaliste qui l'accuse de collusion avec la mafia

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, en Italie, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a menacé de retirer à un journaliste, qui l'acusait d'être aux ordres de la mafia, sa protection policière. 

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le journaliste Roberto Saviano a qualifié le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini de "bouffon" dans une vidéo.  (FREDRIK SANDBERG / TT NEWS AGENCY / AFP)

Le nouveau ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, s’en est pris violemment à Roberto Saviano, un écrivain et journaliste qui l’accusait d’être le candidat de la mafia. Roberto Saviano est l’écrivain le plus engagé contre la mafia. Depuis la sortie de Gomorra, en 2006, il vit sous protection policière, après les menaces de mort d'un clan de la Camorra, la mafia napolitaine.

Le 21 juin, il déclare, dans un long texte publié par Le Monde (lien vers un article payant) qu’il règne en Italie un climat fétide, attaquant au passage la politique migratoire de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur issu de l’extrême droite. Fureur du ministre qui lance alors que si Roberto Saviano n’est pas content, on peut lui supprimer sa protection policière qui coûte une fortune au contribuable.

L’écrivain ne se laisse pas intimider. Il rappelle, dans une vidéo publiée sur Facebook, que Salvini a été élu sénateur de Calabre. Une région au sud de l’Italie qui est aussi la région de prédilection de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise. Avant de conclure en traitant le ministre de "bouffon"

Salvini, milanais du Nord, est sénateur de Calabre 

Qu’en est-il vraiment de ces liens ? Y-a t-il des preuves ? Aucune tangible, seulement des faisceaux de circonstances, dûes au hasard. Ou pas. Reprenons ce que dit un autre journaliste italien, spécialiste de la mafia calabraise, lui aussi sous protection policière.

Première surprise, Matteo Salvini est milanais. Son parti, la Ligue du Nord, n’a recueilli que quelques voix à peine aux dernières élections en 2013 en Calabre. Et pourtant, c’est là qu’il choisit de se présenter pour les sénatoriales de mars dernier. Il y a des raisons à cela. Le fait, par exemple, que depuis quelques années, la Ligue du Nord profiterait des larges contributions financières de la mafia calabraise, qui du coup, gagne de nouveaux marchés.

L’autre raison de la victoire de Matteo Salvini en Calabre est un maire, faiseur de rois, qui a apporté tout son soutien au ministre. Lors de l’investiture de Matteo Salvini à son nouveau fauteuil de sénateur de Calabre, tout le monde est venu. Au premier rang trônaient les trois plus grandes familles de la mafia calabraise. Manquait Giuseppe Scopelliti, le maire de Reggio de Calabre, arrêté trois jours plus tôt pour falsification de documents.

Quand on interroge le ministre sur ces liens, il répond que tout ce qui l’intéresse c’est la lutte anti-mafia. Une volonté affichée mais légèrement contredite par les actes : Matteo Salvini vient d’abolir le plafonnement des paiements en liquide.

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