Le monde de Marie. En Arabie Saoudite, une militante pour qui le droit de conduire ne suffit pas a été arrêtée
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, l'arrestation de Noha Al-Balawi, 34 ans, poursuivie en Arabie Saoudite pour trouble à l’ordre public.
On n’arrête plus MBS, alias Mohammed ben Salmane, l’héritier d'Arabie Saoudite qui a accordé aux femmes le droit de conduire. Dimanche 11 février, cette interdiction était levée pour les femmes. Et mieux encore, ce nouveau droit était annoncé par l’une des plus hautes autorités religieuses du pays, qui expliquait vendredi sur la chaîne nationale la fin de l’obligation pour les femmes de se couvrir le corps d’une abaya, ces longs manteaux noirs qui semblent sortis de la garde-robe de Belphégor tant ils sont seyants. Encore un énorme pas de franchi vers un peu plus de progressisme.
Après l’autorisation de conduire, la réouverture des cinémas mixtes, la possibilité depuis la semaine dernière pour les femmes d’entrer dans un stade pour assister à des matches de foot, après le premier concert libre et gratuit d’une chanteuse saoudienne devant un public mixte, on se dit que chic ! une porte s’est peut être réellement ouvertes pour les Saoudiennes. Ou pas. Car la nouvelle de l’arrestation d’une militante féministe jetait un seau d’eau glacée sur la réalité de ce changement.
Noha Al-Balawi risque cinq ans de prison
Qui est donc cette femme, dont l’arrestation qui remonte au 23 janvier n’a pas été depuis très médiatisée ? Elle s’appelle Noha Al-Balawi, elle a 34 ans et elle est le cerveau de "l'opération permis de conduire". C’est son activisme, et très particulièrement sur les réseaux, qui a sans doute poussé les autorités à céder.
الحرية ل #نهى_البلوي واعيد واكرر #لا_للتطبيغ pic.twitter.com/lo2NVzqg4K
— نهى البلوي (@noha_alBalawi) 8 février 2018
Mais Noha Al-Balawi ne se contente pas du permis de conduire, des cinémas ou du foot qui, pour elle, ne sont que des coups de pub. Elle veut plus, que les femmes aient un poids politique, qu’elles puissent devenir députées. Pour avoir fait passer ce genre de revendications sur Twitter, Noha Al-Balawi risque d’être condamnée selon la loi sur la cybercriminalité pour trouble à l’ordre public. Soit cinq ans de prison et 650 000 euros d’amende. Le problème c’est qu’elle est loin d’être la seule militante saoudienne derrière les barreaux. Elles seraient aujourd’hui des dizaines, selon Human Rights Watch. Noha Al-Balawi sera fixée sur son sort lundi 12 février.
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