Le Monde de Marie. Cuisine, ménage, repassage... Au Vatican, ces bonnes sœurs qui travaillent quasi gratuitement pour les prélats
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, la situation des religieuses cantonées à des tâches domestiques, sans contrat et parfois sans salaire.
Un léger vent de contestation souffle sur le Vatican depuis la publication d’un article sur le quotidien des religieuses. L’article publié dans le supplément mensuel Donne, Chiesa. Mondo ("femmes, église, monde") du quotidien du Vatican, L'Osservatore Romano, met le doigt sur le statut des religieuses. Il s'agit d'un recueil de témoignages, sous le sceau de l’anonymat. Ces religieuses, toutes en poste au Vatican, racontent leur vie quotidienne. Elles décrivent la vie de domestique qui leur est réservée au Saint Siège.
Des tâches exclusivement domestiques
Que disent-elles ? Sœur Maria, par exemple, est arrivée au Vatican il y a une vingtaine d’années. Que fait-elle de ses journées ? Elle fait la cuisine pour les évêques et les cardinaux. D’autres sœurs sont attachées au service d’un homme d’église en particulier, dont elles assurent intégralement le service : cuisine, ménage, blanchisserie... Un poste important car les soutanes et autres vêtements ecclésiastiques se doivent d’être parfaitement repassés, à l'ancienne, avec plis et amidon. Elles servent les repas, qu’elles ne sont pas invitées à partager. Elles dînent, ou déjeunent seules en cuisine, en attendant de pouvoir tout remettre en ordre. Quand tout est lavé et rangé, elles peuvent alors aller se coucher.
Un travail gratuit ou sous-payé
Les sœurs ne comptent pas leurs heures. D’ailleurs, cela serait inutile, puisqu’il n'existe aucune réglementation sur leur travail, ni sur la rémunération de ces heures. Elles n'ont pas de contrat. Elles sont payées en dessous du minimum syndical, quand elles sont payées. Il arrive aussi que ces religieuses ne soient pas payées du tout.
Cela peut poser un problème, comme le raconte une autre sœur venue d’Afrique, il y a vingt ans. Quand elle a voulu retourner au chevet de sa mère, elle s’est retrouvée dans l’incapacité d’acheter un billet d’avion. Et ce, alors qu’un prêtre qui, lui, souhaitait finir un cursus de théologie à Paris a été entièrement pris en charge financièrement. Les études sont de toute façon fermées aux religieuses, comme l’affirme une mère supérieure, c’est un signe d’orgueil. "Nous sommes des femmes d’Eglise, disent ces religieuses, pourquoi ne sommes-nous pas traitées en égal ?".
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