Cet article date de plus de cinq ans.

Zep : "Je suis beaucoup moins punk que mon personnage"

Aujourd’hui, l’invité du Monde d’Elodie est l’auteur de bandes dessinées Zep, le papa de "Titeuf" et de "Captain Biceps", un super-héros aux supers pouvoirs. Mais aussi d'oeuvres pour le public adulte et averti "Happy Sex 2" aux éditions Delcourt.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le dessinateur Zep à Mulhouse, le 16 mai 2018 (HERVE KIELWASSER / MAXPPP)

Pour Zep, le superhéros est un personnage intéressant car il évolue dans un univers assez comique (Comics en anglais) avec des scènes improbables : "Des mecs qui ont mangé un sandwich avec du plutonium et tout d’un coup, ils deviennent Super-sandwich. Mais c’est fait avec un sérieux incroyable. Evidement comme ils deviennent un superhéros, ils s’achètent des combinaisons en lycra vert et mettent un slip jaune dessus." Même si ce n’est pas son univers graphique, Il trouve ces personnages "marrants" sans pour autant trouver que la facette humoristique soit pleinement exploitée.  

Nourri par les histoires de sa famille

Le père de Zep était policier et sa mère, couturière : "Ma maman aime beaucoup les costumes de Captain Biceps" et sa grand-mère aussi l’a aidé à développer son imaginaire : "Elle me racontait des histoires, c’était un juke-box à histoires. Je lui disais 'J’aimerais une histoire avec Donald, un vampire qui se passe au Moyen- Âge avec un aigle'. Et paf ! Elle démarrait, j’avais 4 ou 5 ans, ça me fascinait, pour moi c’était un super-héros d’arriver à faire ça. Je me disais que ce serait un accomplissement d’arriver un jour à faire une chose pareille."

L’humour est un trait de caractère qui lui permet d’intégrer des sujets comme avec Titeuf : "C’était comme un kit de survie, l’humour ". Il s'est également nourri des histoires rapportées par son père entre midi et deux : "Il racontait parfois des choses absolument atroces". Trop petit pour entendre les noirceurs de l’âme humaine, il a développé cet humour un peu comme une résilience.

La naissance de Titeuf

Titeuf est né dans son atelier qui donnait sur une cour d’école, d'où il observait les enfants avec leurs bons et mauvais côtés : "Tout d’un coup, les entendre parler, de voir aussi une certaine forme de cruauté entre eux, de violence, l’enfant qui est mis à part, celui qui est un peu le mouton noir, les histoires entre les filles et les garçons qui se regardent sans s’approcher. En fait, j’ai retrouvé toutes les émotions de cet âge-là en quelques secondes. C’est revenu comme si j’étais un enfant". A partir de cette scène, il commence à écrire plein d’histoires, se remémore les décors de son enfance et au moment de se dessiner, il reprend ce petit personnage créé quelques jours plus tôt. Il a une tête d’œuf et en quelques minutes Titeuf voit le jour.

Avec l’âge, Zep est plus raisonnable : "Je suis beaucoup moins punk que mon personnage". Mais il ne se résigne pas non plus à accepter le monde tel qu’il est, il a envie d’un monde meilleur : "Quand on voit ce qui se passe dans l’actualité, je trouve qu’il faut qu’on garde cette faculté de s’indigner, de s’interroger, de refuser les choses et de les imaginer autrement. On est tous dépositaires de cette planète et on doit s’en occuper ensemble."

Zep aime aussi beaucoup la musique. À l’adolescence, il a envie d’être musicien mais son talent se trouve ailleurs même si ça ne l'empêche pas de jouer encore et de faire des concerts.

J’ai toujours eu plus de fortune dans la bande dessinée que dans la musique (...) J’aime l’aspect collectif de la musique, le côté créatif en groupe 

Zep

à franceinfo

"Le guide du zizi sexuel" : l'importance du plaisir

A sa sortie, Le guide du zizi sexuel, coréalisé avec Helen Bruller, est un scandale jusqu’au bout du monde. Cela lui a valu les foudres de Jair Bolsonaro qui a tenté de faire interdire sa publication au Brésil. Le thème de la sexualité est un sujet très sensible et Zep a envie que la sexualité racontée aux enfants ne tourne pas qu’autour du sida et de la pédophilie malgré les levées de bouclier : "On fait une génération qui ne va pas connaître le plaisir. Je trouve que c’était important de redire le plaisir. C’est notre terrain de jeu en tant qu’adultes. Là où on a le droit de s’amuser, de jouer des rôles, de faire l’idiot, d’exulter. Car on n'a pas beaucoup de terrains dans notre vie où on peut le faire".

Double actualité pour Zep : un nouveau tome de Captain Biceps aux Editions Glénat, et pour un public averti Happy Sex 2 aux Editions Delcourt. Et on n’oublie pas pour les 9/13 ans, le Guide du zizi sexuel aux Editions Glénat.        

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.