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"Un scandale comme on ne peut pas l'imaginer" : Jane Birkin se souvient de la sortie de la sulfureuse chanson "Je t’aime… moi non plus"

Toute cette semaine, Jane Birkin est l’invitée exceptionnelle du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons. Aujourd’hui : "Je t’aime… moi non plus".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Jane Birkin et Serge Gainsbourg à Paris le 10 mars 1976, devant une affiche du film "Je t'aime... moi non plus" (ARCHIVO FIEL / FIEL)

Actrice et chanteuse britannique, Jane Birkin passe cette semaine avec nous sur franceinfo. Pendant cinq jours, on revient sur son parcours avec une chanson marquante de sa carrière, jusqu'à son dernier album, sorti en décembre dernier, Oh ! Pardon tu dormais... Aujourd'hui, c'est le sulfureux titre : Je t'aime... moi non plus, paru en 1969.

franceinfo : Je t'aime... moi non plus vous a propulsé au sommet du hit-parade. Avant de devenir l'une des chanteuses les plus emblématiques de la variété française, vous étiez actrice. C'est d'ailleurs comme ça que vous rencontrez Serge Gainsbourg, avec qui vous jouez dans le film Slogan de Pierre Grimblat (1968). La musique était-elle une suite logique à votre carrière d'actrice ? Etait-ce une évidence ?

Jane Birkin : C'était une évidence. Ma mère (Judy Campbell) était connue pour une chanson qui s'appelle A Nightingale Sang in the Berkeley Square (1940) qu'elle a chantée pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Elle était connue pour une chanson. Pour débuter, j'avais une chanson à faire dans une comédie musicale de John Barry, mais c'était une chanson comique et si je me souviens bien, il n'avait rien à dire sur ma voix ou sur une quelconque originalité.

C'est Serge qui m'a fait écouter sa version de Je t'aime... moi non plus de Brigitte Bardot. Comme j'étais très éprise de lui, c'est vrai que quand il m'a demandé si je voulais la chanter, j'ai sauté sur l'occasion parce que je ne voulais pas qu'il se mette dans une cabine téléphonique avec n'importe quelle beauté comme Mireille Darc ou quelqu'un d'autre. J'avais naturellement chanté un octave au-dessus et cela plaisait à Serge d'avoir une voix de garçon de chorale.

Il m'a écrit des chansons comme Di Doo Dah ou des chansons très charmantes, drôles, pour accompagner Je t'aime moi... non plus, car il fallait une dizaine de chansons pour pouvoir sortir cet album Jane Birkin – Serge Gainsbourg. Sous le cellophane : "Interdit aux moins de 18 ans", c'était quand même toute une histoire. Tout d'un coup, me voilà en train de chanter cinq autres chansons dont Jane B. aussi et après, Serge m'a pondu un disque, tous les deux, trois ans.

Je n'ai jamais voulu entendre l'originale avec Brigitte Bardot parce que c'était tellement sulfureux, c'était tellement beau, c'était tellement lourd. Je trouve que c'était la version la plus érotique possible.

Jane Birkin

à franceinfo

Cette chanson était initialement écrite pour Brigitte Bardot. Et puis il craque totalement pour vous et considère que vous devez en être l'héroïne.

Je pense qu'il avait été très gentleman avec Bardot parce qu'elle avait supplié qu'il ne la sorte pas. Donc, il ne l'a pas sortie, mais il l'a gardée dans un tiroir. Il n'était pas con non plus et savait que c'était quelque chose de sulfureux et qu'il allait le refaire un jour, sans aucun doute. Quand il m'a demandé de le faire, on est partis en studio d'enregistrement. On chantait très loin l'un de l'autre, contrairement aux images qu'on a avec Brigitte. Du coup, c'est ma version qui a créé le scandale comme on ne peut pas l'imaginer.

Cette chanson a été jugée obscène par le Vatican.

Elle était interdite par le Vatican. Je pense même que le chef de Phonogram a fait un peu de prison en Italie. Serge a dit que c'était notre meilleur attaché de presse parce que du coup, toute l'Amérique du Sud voulait absolument mettre la main sur ce disque. Elle est devenue non seulement la chanson la plus érotique de tous les temps (Selon le Times ou The Guardian) , mais c'était aussi pour les Espagnols et pour l'Amérique du Sud qui souffraient sous des dictatures, une chanson de liberté.

C'était une chanson d'une liberté totale, donc ça a pris des proportions magnifiques avec le temps.

Jane Birkin

à franceinfo

Comment avez-vous vécu ce succès et les polémiques ?

Je trouvais ça très marrant, trop drôle. Mon seul souci était de savoir ce qu'allaient en penser mes parents. Quand je l'ai fait écouter, je soulevais l'aiguille du tourne-disque à chaque respiration et elle disait : "Oh, quelle jolie mélodie". Puis, mon frère est passé juste après moi et a joué le tout et mes parents étaient stoïques. Toute la presse anglaise leur a sauté dessus évidemment, en imaginant qu'ils allaient être super choqués. Je ne sais pas s'ils l'ont été, en tout cas, ils nous ont défendus comme des parents loyaux.

Demain, on se retrouve pour parler de la chanson Jane B.

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