Philippe Torreton : "J'écris pour mettre des mots là où il n'y en a pas"
Philippe Torreton est l'invité dans Le monde d'Elodie à l'occasion de la publication de son livre "Jacques à la guerre", un livre qu'il dédie à la vie et à sa famille, qui lui a "énormément apporté."
L'acteur Philippe Torreton est notamment connu pour avoir joué le capitaine Conan dans un film éponyme césarisé en 1997, réalisé par Bertrand Tavernier.
Ancien conseiller de Paris, il a également reçu un Molière au Théâtre pour la pièce Cyrano de Bergerac. Le comédien au verbe fort et juste et dont l’émotion à fleur de peau fait du bien, ne mâche pas ses mots, ni sur scène, ni sur le grand écran. Il écrit depuis quelques années, la plume lui apportant un équilibre et lui permettant de dire certaines choses, parfois très intimes. Son roman Mémé (2014) a connu un très grand succès qu’il a qualifié d'inattendu mais bénéfique.
Une déclaration d'amour à la vie et sa famille
Depuis quelques jours, son nouveau roman Jacques à la guerre est disponible aux éditions Plon. Il s'agit d'une déclaration d'amour extraordinaire à la vie et à sa famille, de façon indirecte, par pudeur. Il dédie ce livre à sa mère dès la première page. Sa famille a joué un rôle considérable pour lui : "Forcément, mes parents m'ont apporté énormément. Ma mère aussi. J'ai vu des gens au travail, des gens sérieux dans leur travail. Engagés, sérieux et courageux. Cette famille m'importe énormément. J'écris pour eux aussi, pour mettre des mots là où il n'y en avait pas, sur des mémoires défaillantes ou handicapées par le manque d'expression justement", explique-t-il. J'ai eu ce privilège-là grâce à mes parents qui m'ont inscrit au club Théâtre. Lire, c'est se confronter à d'autres mémoires, d'autres perceptions de la vie. Vous vous enrichissez. La mémoire n'est pas entrepôt où l'on stocke, c'est quelque chose qui vit, de vivant, c'est musculaire, intense", décrit Philippe Torreton.
Les trois dernières pages de Jacques à la guerre sont très empreintes d'émotion.
Philippe Torreton écrit à la place de celui qui lui a donné la vie comme s’il était dans sa tête.
Il s'agit d'un passage émouvant, voire bouleversant. L'auteur a aussi eu du mal à trouver les mots pour en parler : "J'ai un peu de mal à parler de cela... C'est pour cela que je l'ai écrit, pour moi aussi. C'est très émouvant et cela le reste encore. Je ne sais pas encore comment me débrouiller avec cela. Ce n'est pas facile de quitter son père pour faire une pièce de théâtre et de savoir que quand il va revenir, il ne sera plus là. Cela m'aide d'imaginer qu'il y avait ces mots-là dans sa tête. C'est ce que j'ai cru comprendre par son regard. Il était très très fier de ce métier de comédien que j'avais choisi. Pourtant, on se dit, dans ces moments-là, que le théâtre est bien faible. J'essaie d'aimer à nouveau d'aimer ce métier grâce à ce qu'il en pensait. Cette pensée qu’il n’aurait pas aimé que je quitte les représentations pour lui, m’a aidé."
"La vie est un combat contre ce manque de confiance"
Jacques à la guerre est une main tendue pour nous permettre de mieux connaître celui qui parait indestructible par son talent et sa passion chevillée au corps, de percer un peu mieux cette sensibilité qu’il nous renvoie qu’il a toujours eu et qui traduit un manque de confiance en lui qui l’a toujours accompagné. "Cela s'est un peu calmé mais cela peut revenir très vite. La vie est un combat contre ce manque de confiance que l'on peut tous avoir par rapport à tout ce que l'on peut affronter. Le but n'est pas de guérir car la timidité ou le côté réservé n'est ni un défaut, ni une qualité. C'est inconcevable de ne pas trembler devant la vie. La confiance en soi nous fait aller droit dans le mur. C'est idiot. La confiance a besoin de quelques neurones. Le trac vous permet d'être dans un état de vigilance." Jacques à la guerre est à mettre entre toutes les mains pour une bulle de tendresse, de justesse et de sincérité.
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