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Philippe Lellouche : "Le temps qui reste" au théâtre de la Madeleine à Paris

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Elodie Suigo et se confie. Aujourd'hui, Philippe Lellouche.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
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Philippe Lellouche, à Paris, le 30 janvier 2017. (Franck Castel / Wostok Press / MAXPPP)

Philippe Lellouche est auteur, metteur en scène, comédien, il est aussi directeur du Théâtre de la Madeleine à Paris, où se joue, en ce moment, sa dernière pièce Le temps qui reste, une histoire d'amitié entre quatre amis d'enfance qui se retrouvent à l'enterrement du cinquième copain de la bande. C’est une réflexion sur le temps qui passe, un thème qui est cher à Philippe Lellouche : on ressasse le passé et on oublie d’envisager l’avenir. Lui-même se définit comme un nostalgique compulsif, alors qu’on le voyait plutôt comme un amuseur, voire même un déconneur. Pourquoi il s’est caché si longtemps ? "Je suis un très grand angoissé, confie-t-il. Ca ne se voit pas, je le compense, mais j'ai des angoisses, je suis hypocondriaque, j'ai des trucs comme ça très 'druckériens'. Je suis fan de la vie ! En fait j'aime vraiment les gens." "Donc les gens me parlent, poursuit Philippe Lelouche, dans tous les sens du terme et j'aime retranscrire ça. J'aime les grandes tablées, j'aime voir les enfants qui courent, les copains qui rigolent, c'est un peu ça l'épicentre de ma vie. Déjà à l'école j'étais très remarqué pour ça, j'étais le 'cancre déconneur', il y a toujours eu en moi cette espèce de truc de vouloir que ça rigole."

Je suis tout sauf un type qui ne va pas au contact. Cela peut avoir ses défauts, heureusement j'ai une femme qui est comme moi.

Philippe Lellouche

à franceinfo

Une enfance "absolument parfaitement heureuse"

S’il ne parle jamais de ses parents et de son enfance avec son frère Gilles, c'est par pudeur. Philippe Lellouche explique pourquoi : "Je souhaite à tous les enfants d'avoir une enfance comme la mienne, comme la nôtre avec Gilles. On a eu un papa extraordinaire, qui est parti il y a presque 10 ans maintenant, mais qui était un type qu'on a passé notre enfance à le regarder comme un héros de cinéma. Ce qu'il n'était pas, c'est probablement pour ça d'ailleurs peut-être que Gilles et moi on est devenus acteurs. Donc avec un père qui était quand même très inquiet d'avoir deux fils qui se prédestinaient à être des saltimbanques - donc des crève-la-faim."

Le comédien ajoute : "Notre mère avait un optimisme absolument incroyable nous concernant, qui contrecarrait mon père, en lui disant 'si si tu vas voir, tes fils vont y arriver'. Ce n'était pas gagné, parce que c'est venu évidemment sur le tard. Comme un producteur célèbre disait, il faut 10 ans pour être connu du jour au lendemain. La perte de mon père a été une tragédie et ça l'est aujourd'hui encore. Je prierais pour aller boire un café avec lui. Ma mère est là et bienveillante, c'est une espèce d'ange dans ma vie. J'ai eu une enfance absolument parfaitement heureuse."

Le théâtre, un "vrai shoot d'adrénaline"

Philippe Lellouche est finalement très à l’aise pour parler de son enfance. Mais comment se voit-il au cinéma et au théâtre ? "Quand je joue au cinéma, je déteste me voir à l'écran. Aujourd'hui, quand je reçois des scénarii et que je vois la description du personnage par exemple 'bel homme de 50 ans', je me dis qu'ils se sont trompés, ce n'est pas pour moi. Ce n'est pas du tout une fausse modestie. Mais quand je joue, alors là oui, c'est un plaisir absolu. Mais parce que le théâtre a cette vertu absolument géniale, c'est qu'on raconte aux gens une histoire en direct. Ils sont là, ils réagissent, on joue avec eux et moi j'adore ça. Le cinéma, j'en fais comme tout le monde, quand on m'en propose et que c'est bien, par orgueil. Parce que c'est magnifique le cinéma, parce qu'on est sur grand écran, parce qu'on sort dans 600 salles en même temps, etc. Mais ce serait mentir de vous dire que j'ai autant de plaisir qu'au théâtre. Le théâtre me procure un vrai shoot d'adrénaline tous les jours et j'adore ça."

La principale force de Philippe Lellouche, à ses yeux, c’est d’être universel, de parler à tout le monde et de tout le monde. Quand on le voit sur scène, ce qui frappe en premier c’est son naturel et sa capacité à être justement comme chacun d’entre nous. Du coup, le public adhère, s’y retrouve et sa cote de popularité est évidente. "J'ai cette absolue certitude, quand il y a des jeunes auteurs qui viennent me demander comment faire... Je leur dis 'Surtout parle de ce qui te concerne toi, plus t'es personnel puis ça va devenir universel'. Il y a un moment où je me dis, 'Si ce sujet-là me tracasse, c'est que ça va faire écho.' C'est vrai qu'il y a des thèmes récurrents, comme le temps qui passe, par exemple. C'est ça qui est merveilleux dans la vie : c'est qu'on a tous l'impression d'avoir une vie à part, de vivre des choses à part. On se rend compte qu'en fait, tout le monde les vit à sa façon. Finalement, on se ressemble tous beaucoup."

Je pense que Dieu est le plus grand metteur en scène du monde, parce qu'il nous fait penser à chacun qu'on a tous le premier rôle et je trouve ça génial.

Philippe Lellouche

à franceinfo

Philippe Lellouche a plusieurs cordes à son arc. Le garçon est très doué dans plusieurs domaines, il chante aussi très bien, ses interprétations sont justes. La musique est importante pour lui : "J'aime les mots, c'est pour ça que je suis très variété française. D'ailleurs, le chanteur que tu vas trouver un peu ringard ou démodé, va chercher dans ce qu'il a chanté, il y a au moins une chanson super forte. À un moment, moi je tombe sur cette chanson et puis le texte me parle, la mélodie aussi et puis tout d'un coup, ça marque un moment de ma vie. C'est fou de réussir à raconter une histoire en trois minutes, avec un début, un milieu, une fin et un message." Philippe Lellouche est actuellement sur scène pour Le temps qui reste, au théâtre de la Madeleine à Paris, jusqu’au 29 décembre.

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