Paul El Kharrat, atteint d’autisme Asperger : "La normalité de la majorité me dérange parce que pour moi cette normalité manque de logique"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est Paul El Kharrat, le plus jeune champion du jeu "Les 12 coups de midi" sur TF1, et qui sort aux Éditions Harper Collins "Ma 153ème victoire".
Un an après ses 152 victoires dans l'émission télévisée "Les 12 coups de midi" sur TF1, Paul El Kharrat, aujourd'hui âgé de 21 ans, explique que celle-ci n’a pas complètement changé sa vie, sauf sur certains aspects : "En tout cas au niveau social, on va dire qu’elle m’a aidé à acquérir de nouvelles connaissances. (…) Ça m’a un peu soigné".
Ma 153ème victoire est préfacé par Jean-Luc Reichmann qui parle de "lumière sur la différence" car Paul El Kharrat porte une différence, celle d’être autiste Asperger, une forme d’autisme n’altérant pas les capacités intellectuelles ou la maîtrise du langage, bien au contraire, mais handicapante dans les rapports à l’autre. Et il confie que l’animateur a su prendre en compte son profil atypique : "Ce qui est bien c’est que cette émission, hormis qu’elle soit familiale, accueille tout type de personnes avec des handicaps physiques ou psychiques". Et il évoque aussi la directrice de casting, Sarah, qui avec son équipe lui ont donné sa chance sans présager de ses belles réussites sur la longueur.
Ils m’ont fait venir sur le plateau pour que je passe un bon moment, pour que je réponde à des questions, pour que je m’amuse et je ne pensais en aucun cas que j’allais y rester aussi longtemps et c’est assez incroyable
Paul El Kharratà franceinfo
Paul El Kharrat raconte à Elodie Suigo qu’enfant il perçoit son originalité: "J’ai senti que j’étais différent mais je me complaisais un peu dans cette différence. J’aimais bien être seul, tranquille, à lire, qu’on ne vienne pas m’embêter et tout". A l’âge de 3 ans, il corrige déjà son professeur en cours parce que lui, il aime "quand tout était carré, quand tout était fait correctement, quand il n’y avait pas d’erreurs", explique-t-il. "Voilà et donc je reprenais les professeurs, c’est vrai", ajoute-t-il.
C’est un syndrome autistique [Asperger] qui ne touche pas les capacités cognitives (…) Ça se manifeste comme toutes formes d’autisme avec des intérêts restreints, des difficultés à comprendre le second degré. Le fait d’être souvent dans des phases de dépression chronique, ce n’est pas toujours évident à vivre mais on fait avec, on n’a pas vraiment le choix
Paul El Kharratà franceinfo
Paul El Kharrat a été bien entouré par sa famille et parle de sa mère comme de son indéfectible soutien pour bien grandir : "C’est vrai que s'il n’y avait pas eu dans toutes ces démarches, le concours de ma mère, j’aurais encore été dans le flou et je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui". Toujours présente même dans les moments sombres : "Fallait que quelqu’un me guide dans cette société, donc ma mère l’a très bien fait et je l’en remercie surtout pour ça". Pour son père, l’acceptation a été plus difficile car "il avait du mal à se dire que je l'étais, tout simplement parce qu’il a pris le côté autisme comme tout le monde le connaît, c’est-à-dire un autiste fortement atteint qui se tape la tête, qui n’est pas bien, qui s’exprime par bribes et pas de manière claire", raconte Paul El Kharrat. "Et ce n’était pas mon cas, moi c’était quelque chose de plus léger. Avec l’autisme et puis les syndromes qui en découlent, il faut vraiment se renseigner et en apprendre davantage dessus", insiste-t-il.
Le droit à la différence
"La normalité est bien relative, et moi la normalité de la majorité me dérange parce que pour moi ça manque de logique cette normalité avec laquelle nous bassine en permanence : Faut faire ça, faut pas faire ça". Et Paul El Kharrat ajoute que sa façon d'être le met souvent sur la touche car il n’est définitivement pas dans les clous.
J’ai des comportements, des propos, qui pour beaucoup, sont déplacés et ne relèvent pas de la norme ambiante quoi. Et moi, j’aimerais faire changer ça parce que la norme n’est pas forcément celle qu’on pense et encore moins celle de la majorité, à savoir celle des neuro-typiques.
Paul El Kharratà franceinfo
Lorsqu’Elodie Suigo revient sur sa défaite inattendue lors de sa 153ème participation au jeu télévisé, un : "Oh ne m’en parlez pas… " s’échappe de sa bouche quand même, avant d’expliquer comment il est nécessaire de passer simplement mais sûrement à autre chose : "C’est sûr que c’est une habitude qu’il va falloir laisser derrière soi, en garder que les bons souvenirs, mettre les mauvais éléments de côté. Et si c’était à refaire, je ne le referai pas. Moi, une seule aventure, ça me suffit. C’est ça qui fait que c’est une aventure incroyable, si on la refait, elle perd de son charme un peu. Le fait que ce soit rare, plus c’est rare plus il faut garder au plus profond de soi".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.