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Olivier de Kersauson : "L’idée d’aller partout était évidente puisque l’on habitait le monde, il fallait le connaître"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, c’est le navigateur, chroniqueur et écrivain Olivier de Kersauson pour son livre "De l’urgent, du presque rien et du rien du tout" aux éditions Cherche-Midi.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Temps de lecture : 5 min
Olivier de Kersauson, à Brest, regardant Thomas Coville rentrer au port après avoir fait le tour du monde le plus rapide, le 25 décembre 2016. (FRED TANNEAU / AFP)

Olivier de Kersauson, loup des mers dont la gouaille est reconnaissable entre mille, solitaire et pudique se livre comme jamais dans son nouvel ouvrage De l’urgent, du presque rien et du rien du tout. L'auteur décrit son livre comme"un certain nombre de réflexions que je peux avoir sur la vie, la mort."

Son bouquin se présente sous la forme d’un abécédaire dont le ton est donné par cette phrase : "La seule musique à laquelle je suis sensible, c’est la musique de la vie." Un homme qui se décrit comme heureux, chanceux, qui s’est "bien marré" et conscient du temps qui passe. "Ma vie a été assez peu pourrie par les évènements extérieurs et j’ai pu à peu près choisir ce que je faisais, explique-t-il. Je n'ai pas eu à faire la guerre d'Algérie par exemple."

Aux côtés d'un navigateur emblématique

Olivier de Kersauson explique qu’il découvre la mer vers 4 ou 5 ans et c’est le coup de foudre. Insensible à la peur et ne la trouvant pas intéressante, il part plus tard faire des tours du monde en bateau sans appréhension. Il revient aussi sur une personne essentielle dans son apprentissage de navigateur : Eric Tabarly, disparu en mer en 1998. Dans le chapitre Amitié, l'écrivain le décrit comme "gentil, excessivement compétent ce qui était un bonheur. Naviguer avec lui, qui dominait parfaitement et qui était l'un des génies de ce siècle, était un plaisir. C’était une star énorme à l’époque."

Olivier de Kersauson, c’est l'homme en perpétuel mouvement comme les poissons : "Y’a que l’action qui est intéressante, le reste c’est de la tchatche." Il est en accord avec lui-même et ses envies : "Je m’entends bien avec moiJe ne me suis pas trahi". Et assume avoir été là où le vent le portait sans être mû par une ambition quelconque.

J’ai fait ce que j’ai pu avec ce que j’avais. Je n’ai pas de leçons à donner ou à recevoir. Je n’aime pas les gens qui donnent des recettes de vie.

Olivier de Kersauson

à franceinfo

Olivier de Kersauson est un homme libre, indépendant et ce trait de caractère est probablement dû au schéma atypique de la famille dans laquelle il grandit. Ils sont huit enfants, scolarisés dans des écoles différentes, "on ne se connaissaît presque pas", raconte-t-il. Il évoque aussi ses parents avec tendresse : "J’ai été élevé par des gens de bonne foi, ils ont donné ce qu’ils pensaient être le meilleur et donc je suis totalement inapte à leur reprocher quoique ce soit."

Néanmoins, il reconnaît que le cadre de vie dans lequel il a été éduqué ne correspond pas aux choix qu’il fait par la suite. "Je n’ai jamais été un révolté non plus, moi je suis un clandestin." Et c’est peut-être un voyage en auto-stop qui le mène à sa vocation. "C’était logique, je n’allais pas rester en fac à écouter le mec qui m’expliquait l’économie alors qu’il avait un costume que je n’aurais pas acheté, des chaussures à semelles crepe. Là je suis parti en auto-stop en me disant qu'au moins j'allais voir le monde."

"Pour moi l’idée d’aller partout était évidente puisqu’on habitait le monde, il fallait le connaître" et pour vivre cette vie il faut aimer la solitude. "J’aime bien être seul oui" en particulier quand il va pêcher. Finalement, il raconte qu’il a mis du temps à en comprendre "la réalité de l’intérêt". Le temps qui passe ne "doit pas être négligé" alors il en profite pleinement : "J’ai une belle vie, je navigue, je vais à la pêche, je vis en Polynésie, je voyage", conclue-t-il.

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