Nicolas Peyrac : "Les gens sont bons, contrairement à ce qu'on pourrait croire"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 12 avril 2024 : l’auteur, compositeur et interprète Nicolas Peyrac. Il sort un nouvel album : "D'ici et d'ailleurs".
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15 min
Le chanteur Nicolas Peyrac, en 2017. (FRÉDÉRIC DUGIT / MAXPPP)

Nicolas Peyrac est d'abord une plume, un homme à la sensibilité exacerbée, habité par une furieuse envie de raconter des histoires. Ces histoires ont rapidement pris la forme de chansons, d'abord écrites pour les autres puis il a sorti ses propres titres. C'est en 1975 qu'il explose avec la chanson So Far Away From L.A. Il regarde, observe et nous offre un regard sur le monde depuis presque 50 ans.

Avec 23 albums à son actif, il publie aujourd'hui D'ici ou d'ailleurs, soit 22 titres inspirés par les Moody Blues et leur disque mythique Days of Future Past. Il sera aux Francofolies de La Rochelle le 14 juillet 2024.

franceinfo : Les thèmes abordés définissent parfaitement l'homme que vous êtes, on parle de paix, de tolérance. À vos côtés, dans des duos, on retrouve votre femme, vos deux filles et ces artistes qui comptent : François Berléand, Bénabar ou encore François Morel. C'est ce qu'il fallait pour marquer ces cinq décennies ?

Nicolas Peyrac : Il fallait que je pense à un album dans lequel je pourrais regrouper toutes les choses qui m'ont marqué et qui m'ont obsédé depuis toujours. J'ai pris l'exemple de l'album des Moody Blues, qui était un album concept dans lequel il n'y avait aucun arrêt entre les chansons, entre les instrumentaux. J'ai rencontré un musicien qui s'appelle Philippe Lefèvre et quand j'ai entendu sa musique, qui est une musique très world, new age, je me suis dit : si jamais je dois faire un album concept, je le ferai autour de la tolérance, autour de la paix, autour de l'écologie et je prendrai comme support les musiques de Philippe Lefèvre.

Et puis, autant être entouré aussi par des gens que j'aime : évidemment ma famille et puis Bénabar, François Morel parce qu'on a partagé des choses ensemble. François Berléand parce que j'aime l'acteur et que j'ai eu la chance de le rencontrer un jour et qu'il s'est passé un déclic entre nous. Je l'ai appelé, il m'a dit : "Mais évidemment, je veux bien dire quelques mots", parce qu'en fait ces gens-là sont invités non pas pour chanter, mais pour dire quelques phrases de chansons écrites depuis 50 ans.

Il n'y a pas de catastrophisme, il y a une prise de conscience, des choses sont dites, mais il y a toujours cette notion d'espoir.

C'est en aucun cas un disque qui est désespéré ou qui est, je n'en sais rien, testamentaire ou ce qu'on voudra. Dans D’ici et d’ailleurs, je passe en revue toutes les choses qui sont à mon avis scandaleuses et invivables, mais avec toujours cette petite lueur d'espoir.

"Quand on réfléchit un petit peu, les gens sont bons, ils ne sont pas complètement bornés, contrairement à ce qu'on pourrait croire." 

Nicolas Peyrac

à franceinfo

Est-ce que ce n'est pas aussi, à travers cet album et donc le reflet de l'homme que vous êtes devenu, un clin d'œil dans ce travail de mémoire. Votre père devait signer chez Gallimard, il a refusé de partir dans l’écriture parce qu'il fallait qu'ils nourrissent la famille. Il est resté en médecine. Quelque part, vous le représentez aujourd'hui dignement.

Je me dis qu'en fait, si ça devait être le dernier album, on ne sait jamais, qu'il y a tout dans cet album, c'est-à-dire toutes les choses qui m'ont marqué, qui m'ont suivi, qui m'ont fait être qui je suis aujourd'hui. J'ai le sentiment, j'ai même la certitude que cet album c'est 'Moi' avec un M majuscule. On ne peut pas se dire : "Ah oui, il a cherché à ou il copie untel..." Non, c'est vraiment moi. Ça me définit vraiment à travers une honnêteté, une sincérité que j'ai toujours gardée au fil des années.

Vous avez toujours cette voix de la sagesse. François Berléand chante : "Tu sais, nos enfants avalent, quand ils jouent, la même poussière. Ils se foutent pas mal de tout ce qui nous a fait faire la guerre". C'est aussi un message que vous souhaitiez envoyer ?

C'est extrait d'une chanson qui s'appelle : S'aimer encore un quart d'heure, qui est sortie dans l'album : Seulement L'Amour (2003). C'est un vrai message. Quand on voit tout ce qui se passe aujourd'hui, que ce soit à l'est ou au sud, on se dit que si on réfléchissait un tout petit peu, on se rendrait compte que justement nos enfants avalent la même poussière et que la guerre, ils n'en ont rien à faire. Quand ils naissent, ils ne pensent pas une seule seconde que les gens sont là pour se battre.

Vous parlez des droits de l'homme, de l'indifférence, du rejet de celles et ceux qui effectivement viennent d'ici et d'ailleurs. Vous dites : "Notre histoire est en nous, même sourire, même douleur".

Si on fouille un petit peu, on se rend compte que l'histoire de certaines personnes est formidable ou désespérante et qu'il faut juste prendre le temps d'aller chercher un peu. 

"Je pense qu'on ne peut pas juger les gens par rapport à leur façon d'aimer, par rapport à leur façon de prier, par rapport à leur façon d'être, par rapport à leur couleur de peau."

Nicolas Peyrac

à franceinfo

Et donc cette chanson, D’ici et d'ailleurs résume ça. Arrêter de juger les gens par rapport à des a priori. À un moment donné, il faut faire la part des choses et je crois que c'est ce que signifie cette chanson.

Pourquoi D'ici et d'ailleurs ?

Parce que, sans le faire exprès, c'est la suite ou c'est la réponse au premier album. Le premier album s'appelait D'où venez-vous ? En 1975 et là, quelques années plus tard, ça s'appelle D'ici et d'ailleurs.

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