Madame Pylinska a permis à Eric-Emmanuel Schmitt de devenir "un homme"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’écrivain, dramaturge, réalisateur, comédien Eric-Emmanuel Schmitt pour la pièce qu’il interprète et dont il est l’auteur, "Madame Pylinska et le secret de Chopin", actuellement au Théâtre Rive Gauche à Paris.
Madame Pylinska et le secret de Chopin, actuellement au Théâtre Rive Gauche à Paris, c’est avant tout un moment de la vie personnelle d’Eric-Emmanuel Schmitt qu’il nous offre. L’histoire d’une belle rencontre improbable : "A 20 ans, j’arrive à Paris, je fais mes études de philosophie, je joue du piano depuis des années parce que j’ai eu un éblouissement pendant mon enfance mais je n’arrive toujours pas à jouer du Chopin." Dans cette optique, un de ses amis lui parle d’une professeure de piano polonaise, immigrée à Paris, chez qui il se rend : "Quelqu’un d’absolument incroyable et d’extraordinaire, et sa première phrase [avec l’accent slave] en arrivant c’est : 'Vous ne jouerez jamais bien, vous être trop costaud'", se souvient-il.
Le premier cours est peu académique puisqu’elle l’invite à s’allonger sous le piano. Il est quelque peu décontenancé face à la méthode peu orthodoxe, en se demandant s’il a bien entendu mais elle insiste, "parce que la musique c’est des vibrations", lui dit-elle. Eric-Emmanuel Schmitt explique que "tout son enseignement était comme ça. Me faire faire des ronds dans l’eau, regarder le vent dans les arbres, apprendre à goûter chaque seconde, faire l’amour en regardant dans les yeux etc… Et en fait, cette professeure va investir toutes les parties de ma vie". Il ne deviendra pas un grand pianiste grâce à elle mais "un homme".
Je pense qu’on a tous eu un professeur ou une professeure dans notre vie qui nous a appris beaucoup plus que la matière qu’il ou elle nous apprenait mais qui nous a appris à apprendre
Eric-Emmanuel Schmittà franceinfo
Eric-Emmanuel Schmitt est un homme passionné, fasciné et semble être comblé : "J’ai une vie heureuse puisque c’est une vie qui réalise des rêves d’enfant. Et dans mes rêves d’enfant, il y avait communiquer avec les autres, transmettre ce qui était beau, créer, jouir, rire", raconte-t-il. il confie à Elodie Suigo à quel point il a été touché par le succès qu’à remporté cette pièce l’année passée : "Un succès pour moi foudroyant parce que j’arrivais à partager ça : l’amour de la musique, l’importance de l’art dans une vie, l’art qui console et qui élève."
Demain est un autre jour
Eric-Emmanuel Schmitt malgré l’accumulation des succès que ce soit pour ses livres ou encore ses pièces en France comme à l’international depuis quelques décennies maintenant, n’est pas un ambitieux, un carriériste, non : "J’ai l’impression que ça arrive à quelqu’un d’autre que moi parce que moi ce qui m’intéresse, c’est là, maintenant et éventuellement demain matin. Je vis totalement au présent ou dans le futur proche", explique-t-il.
J’ai toujours l’impression de débuter. Vous avez devant vous un débutant. J’ai le trac qu’on a au concours d’entrée au conservatoire. Et puis tant mieux, je ne veux jamais perdre cette peur
Eric-Emmanuel Schmittà franceinfo
Il revient au micro d’Elodie Suigo sur son coup de foudre pour le théâtre. Il se déclenche le jour où sa mère l’emmène voir Cyrano de Bergerac interprété par Jean Marais mais pas que, le terrain est déjà bien préparé grâce à une "bibliothèque secrète" appartenant à cette dernière : "En fait, c’est tous les classiques du théâtre mais comme c’était de vieux fascicules scolaires Larousse complètement pourris, mon père ne voulait pas les voir dans la grande et noble bibliothèque que tous les invités pouvaient apercevoir" donc "dans ce placard secret, j’ai lu comme en cachette, comme de façon clandestine, j’ai lu Molière, Hugo, Musset. Et donc voilà, je me suis pénétré de tout ce qu’était le théâtre".
Même s’il est sur scène actuellement, il a dans un coin de sa tête son prochain livre, Paradis perdu, qui doit paraître en février aux Editions Albin Michel. Pour en savoir plus sur Eric-Emmanuel Schmitt, c’est ici.
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