Le monde d'Elodie. Emilie Simon : "C'est comme une attaque de Martiens ce virus, envahissant et surréaliste"
La multi-instrumentiste lance un projet musical créé en confinement, "Mars on Earth, 2020", avec un nouveau titre chaque mercredi.
Elodie Suigo : Émilie Simon, aujourd’hui sort un deuxième single, en attendant l’album, créé pendant le confinement. Vous êtes musicienne, multi-instrumentiste, auteure et compositrice. Vous êtes également productrice, on vous doit plusieurs bandes originales de films, comme La marche de l’empereur qui vous a valu un César de la meilleure musique de film en 2005 et une Victoire de la musique. Comment vous est venue l’idée, l'envie d’écrire pendant le confinement ?
Emilie Simon : Quand le confinement a commencé, j’étais en train d’écrire une vidéo pour mon album, sur lequel je travaille depuis quelques années et je n’ai pas pu tourner cette vidéo, parce que tout s’est arrêté, évidemment. Confinée dans mon studio, en tant qu’artiste, toutes ces émotions reliées à ce qu’on est en train de vivre, j’avais besoin de les formuler, de les canaliser, j’avais besoin surtout de les transformer. Beaucoup de choses se passent en nous, quand on se retrouve confronté à ce genre de situation et arriver à poser des mots et dans mon cas des sons, c’est une une façon d’avancer et d’aller vers la lumière et ça m’a fait penser à cette histoire d’extra-terrestres et de Martiens qui viennent attaquer, on ne sait ce qu’ils veulent, on ne connaît pas leur nature, il y a un côté envahissant, surréaliste aussi parce qu’on a été pris par surprise, tout le monde se demandait ce qui se passait. Finalement, c’est la beauté de l’art et de la musique pouvoir transformer les choses et finalement les alléger (Extrait de ce single En attendant l’aurore).
Ce single, En attendant l’aurore raconte un lever de soleil ?
Oui, c’est la façon dont je l’ai vécu, qui a été commune ; c’est "OK mais quand est-ce que ça s’arrête ? Quel est le bout du tunnel ? Combien temps ça va prendre ?" Toutes ces questions où on se retrouve dans une situation d’attente : attendre que la lumière revienne, attendre que les choses s’éclaircissent, attendre d’avoir plus d’infos, attendre que ça passe quoi ! Et pour moi, le deuxième stade, c’est cette observation de spectateur avec une impuissance, parce qu’on se retrouve chez soi, à regarder les choses par la fenêtre ou par la vidéo... Du coup, on peut avoir l’esprit qui vagabonde, qui va imaginer des horizons meilleurs, se projeter dans une liberté qui n’est pas celle du moment mais qui est celle du futur proche.
Cela doit réveiller une blessure, celle de la mort de votre compagnon en 2009 de complications pulmonaires dûes au virus H1N1. Ce nouveau virus vous angoisse-t-il ?
Effectivement, il y a une grosse résonance avec cette époque là, mais de toute façon ça réveille plein de choses chez les gens. Je pense que ce qui est important, c’est de rester présent, de rester vigilant mais dans la vie, de ne pas se laisser envahir par ses angoisses.
Un autre titre de cet album va s’appeler Un autre monde. Comment imaginez-vous le monde d’après ?
Je pense que c’est un processus et je pense que ce qu’on est en train de vivre là est un déclencheur de beaucoup de changements et puis je suis optimiste dans le sens où, souvent, même les choses les plus douloureuses nous apportent des enseignements et nous permettent d’aller plus loin, d’être meilleurs, plus présents à notre vie. Pour moi, le monde d’après, c’est peut-être un monde apaisé, qui sait au fond de lui ce qui est important et qui le préserve. C’est une remise en question de nos points de repères. Tout le monde ne s’était pas forcément décidé à remettre en question tous ses points de repères, mais ça a été décidé pour nous, à l’échelle planétaire donc ça recentre, mais ça demande du travail, de l’acceptation, de la bienveillance, de la confiance...
La première chose que vous allez faire quand le confinement sera levé ?
Je vais aller me promener (rires) et voir les gens que j’aime.
Donc sortie aujourd'hui de ce deuxième single en confinement, il n'a pas de limites ce projet, pas de barrières ?
Oui, c’est ouvert, pour le moment il y a quatre titres, peut-être qu’il y aura autre chose...
Merci Emilie Simon !
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