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Jean-Louis Aubert confie avoir trouvé sa place dans la musique "par la grâce du destin"

Toute cette semaine, c’est le chanteur, compositeur et musicien Jean-Louis Aubert qui est l’invité exceptionnel du monde d'Élodie. Un tête à tête en cinq épisodes.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le chanteur Jean-Louis Aubert sur la scène de la 35e édition des Francofolies à La Rochelle, le 13 juillet 2019. (XAVIER LEOTY / AFP)

C’est le titre Hygiaphone qui ouvre cette série de Noël consacrée à Jean-Louis Aubert. D’ailleurs qui est-il ? C’est difficile de le définir, il est un peu multi-casquettes : auteur, compositeur, interprète, guitariste, producteur. Quand Elodie Suigo lui demande ce qui lui correspond le plus, sa réponse est inattendue : "Je n’ai pas l’impression d’avoir un métier, j’ai l’impression d’avoir trouvé par la grâce du destin, ma place." Il ne se trouvait pas doué pour le chant. Alors pour expliquer d’où viennent ses talents, il évoque son arrière-grand-père, qu’il n’a pas connu, qui était conteur et autour duquel les gens s’asseyaient pour l’écouter : "Je pense que je porte des fantômes à l’intérieur de moi, d’ancêtres."

Il évoque aussi son père, qui cachait une guitare dans un placard, "il n’osait pas la sortir", se souvient le chanteur. Un héritage inconscient ? "Peut-être que ça m’a donné des ouvertures d’esprit qui m’ont permis de me débrouiller. J'ai voyagé très jeune, j’étais fugueur, puis après j’ai traversé le monde. Avec une guitare, les gens m’accueillaient comme une fête, ça m’a plu aussi" répond Jean-Louis Aubert.

J’adorais jouer, ça c’était ma compagne de solitude. Je n’ai jamais été seul grâce à ma guitare.

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

Jean-Louis Aubert est un artiste qui fait battre le cœur et la mesure de plusieurs générations, chacun a un souvenir d’un texte, d’une musique. Une sollicitude à laquelle, il y a encore quelques décennies, il n’aurait même pas pensé : "C’est sûrement un rêve, un désir que je n’aurais pas pu exprimer avant de le constater. Ce que j’adore, c’est que souvent les chansons sont liées à des premières libertés". Sur ses chansons, il ajoute, rêveur : "Elles ont accompagné des déconnades et puis maintenant des moments de tendresse, de la tendresse ouverte, amoureuse au sens large. J’adore ça, parce que ça créé autour de moi une vibration, un échange qui est très doux. Je pense qu’au fond de moi, je voulais vraiment que le monde me prenne dans ses bras aussi".

Aux origines de Téléphone

Jean-Louis Aubert monte un premier groupe, Masturbation, en 1971, avec un de ses amis de lycée, après le bac et des pérégrinations aux États-Unis. Il connaît déjà Louis Bertignac, leurs chemins se croisent régulièrement, rencontre Richard Kolinka, Corine Marienneau et c’est le 12 août 1976 que le groupe Téléphone apparaît pour la première fois sur une affiche de concert. Un nom trouvé après d’âpres négociations, un nom très logique selon lui : "Je me vois en train de convaincre les autres au téléphone : 'On essaie de communiquer, on va chanter en français, et là, je suis en train de te parler sur quoi ? Sur un téléphone, donc c’est comme ça qu’il faut s’appeler et regarde, il y a Television, il y a Police, ils prennent tous des noms de la vie quotidienne'."

Lors de ce premier concert, le groupe interprète beaucoup de reprises anglo-saxonnes et puis ses premiers textes comme Métro (c’est trop) ou encore Hygiaphone.

Je revois quelqu’un qui me dit, en descendant de scène 'c'est bien mais "Hygiaphone", faudrait la retirer, ça ne marchera jamais parce que le mot n’est pas bien. Il est curieux.'

Jean-Louis Aubert

à franceinfo

Jean-Louis Aubert raconte à Elodie Suigo qu’à cette époque, il a écrit ses deux textes, sans musique "comme des petits raps". Des textes qui vont très vite Métro (c’est trop) imite le rythme du métro, le bruit et on retrouve ces effets de miroir : "Regarde dans la vitre. C’est toi dans la glace. Les autres derrière toi qui se voient sur la voie. Qui se voient sur ta voie" récite-t-il et comme une prise de conscience soudaine : "Est-ce que je vais vivre comme ça ?"

Son avenir le préoccupe : "C’était mon problème, ma question" et il se souvient de ce moment dans la rue, il pleut. Une gouttière qui fuyait de l’eau et comme une fulgurance, il se dit : "Je pourrais peut-être écrire. Juste cette pensée-là, et ça a été très important, c’est de là que j’ai commencé à écrire des petits poèmes, des petites choses". Il constate aussi que le rock se chante en anglais, alors pourquoi pas en faire mais dans la langue de Molière.

Refuge, son dernier album ressort en édition limitée.

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