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"Je me reconnais et c'est essentiel" : Charlotte Reinhardt dévoile son nouvel album "Colors"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la pianiste, compositrice, productrice et petite-nièce du célèbre Django Reinhardt, Charlotte Reinhardt. Elle vient de sortir un nouvel album "Colors".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La pianiste Charlotte Reinhard, en février 2016. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

Charlotte Reinhardt est pianiste, compositrice, productrice et petite-nièce du célèbre Django Reinhardt. C'est sa mère gitane, professeure de piano de renom, qui lui a donné l'envie de commencer le piano classique et puis d'en faire son métier passion. Après des études au Conservatoire supérieur de Paris, elle a été sollicité par de nombreux artistes comme Andrea Bocelli, Laurent Voulzy, Frédéric Couderc, Roberto Alagna, Coline Serreau, Benoît Jacquot.

Elle vient de sortir un nouvel album : Colors. 12 pièces courtes, mystérieuses, lyriques, contemplatives. Des improvisations autour du piano.

franceinfo : Colors est un album très intime, c'est une Déferlante, mais en même temps, il y a un retour aux origines.

Charlotte Reinhardt : Oui. Il y a un retour aux origines qui est vraiment dû au confinement. On a été, quand même, coupés de toute temporalité, on n'avait plus de rendez-vous, plus rien à rendre, plus de deadline. Ca a permis une immense liberté de création et c'est ce qui s'est passé pour mes "Colors", où j'étais devant mon piano et je me suis mise à travailler des pièces que j'aimais. Je n'avais plus le temps vraiment de travailler du classique, par exemple, et ça m’a permis de composer tard le soir et de me sentir libre, sans aucun but de disque. Donc, c'était très intime.

Cet album Colors est aussi une façon de rendre hommage à ces artistes, auteurs, compositeurs, musiciens de talent qui vous ont bercés, vous ont accompagnés dans tout ce travail de piano classique, on pense à Maurice Ravel ou encore à Claude Debussy. Et puis quand on évoque, qu'on cite le nom de Reinhardt, il y a deux choses qui arrivent immédiatement. C'est, d'un côté, le talent du musicien qu'il a été et surtout de ce qu'il a laissé et perdure encore aujourd'hui et, d'un autre, l'image de la liberté. Votre mère vous a transmis cette liberté ?

Complètement. C'est une histoire assez dingue, en fait, parce que j'ai été élevé dans la musique classique. Ma maman jouait du piano et je m'endormais avec Bach et j'adorais. Je chantais, pour moi ça swinguait. Mon beau-père est guitariste de jazz, donc là, il y a eu déjà un choc de cultures. Ça m'a ouvert une immense porte. Et tardivement, j'ai rencontré ma grand-mère, ma mère n'avait pas été élevée par elle, et en retrouvant ma grand-mère gitane, tout s'est réveillé en moi.

Découvrir cette filiation avec Django Reinhardt m'a permis de comprendre beaucoup de choses par rapport à mon parcours, à mes envies.

Charlotte Reinhardt

à franceinfo

Votre instinct aussi puisque le confinement vous a permis de redécouvrir cet instinct que vous cachiez un peu.

Oui. Qui, en plus, était un petit peu verrouillé par cette culture classique, là depuis toujours donc très ancrée. Tous ces mondes ont un peu explosé en me permettant cette grande liberté.

Vous avez commencé par le Conservatoire supérieur de Paris et puis rapidement, il y a eu les caves de jazz, les salles de concert. Ça veut dire que la scène était-ce qui vous intéressait le plus ?

Pas du tout. La scène, ça a mis du temps. C'est grâce à Laurent Voulzy. Je lui faisais écouter mes compositions parce que je compose depuis toute petite. J'ai fait mes premières compos, j'avais 13 ans, mais je les gardais pour moi, j'étais contente. Et dans un train, Laurent Voulzy m'a dit : "Mais ce n'est pas ta voix que j'entends !" Et c'est vrai que je faisais chanter mes amis comédiens et il m'a dit : "Tu dois chanter tes compositions, tes chansons" et ça a été un long travail pour moi de me décrocher du piano pour mettre la voix en avant.

Ma voix, c'était mon piano et j'étais planquée derrière lui.

Charlotte Reinhardt

à franceinfo

Et puis je me suis lancée après sur scène et ça a été douloureux, mais alors tellement extraordinaire. La scène, c'est une autre création. Quand on dépasse les peurs, c'est extraordinaire !

Comment s'est construit le morceau Désordre ?

C'est un morceau qui est très fort pour moi. Il y avait un cycle comme ça, une espèce de boucle que je jouais de façon presque obsessionnelle. Et c'est une rencontre avec des danseurs de l'Opéra qui a fait que d'un seul coup, j'ai voulu casser ce cycle qui était finalement l'ordre. J'ai rajouté une batterie qui vient mettre le désordre. C'est un espèce de duo où le piano et la batterie vont se chamailler, la batterie va prendre le dessus, mais le piano ne va pas décliner du tout du début jusqu'à la fin avec ce cycle hypnotique que j'adore jouer. Il y aura un beau clip avec des danseurs de flamenco qui va donner cette énergie et ce retour aux sources.

Ça fait du bien de revenir à l'essentiel ?

Oui. J'aimais beaucoup le précédent album, mais il y avait quelque chose en gestation qui n'était pas tout à fait mûri, assumé complètement. Et celui-ci, je me dis : c'est moi. Quand je l'écoute, je suis contente. Je me reconnais et c'est essentiel. Oui, il y a quelque chose d'essentiel.

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