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"J'étais moitié garçon, moitié fille" : en 1973, Jane Birkin cultive l'ambivalence avec la chanson "Di Doo Dah"

Toute cette semaine, Jane Birkin est l’invitée exceptionnelle du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons. Aujourd’hui le titre "Di Doo Dah".

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La chanteuse et comédienne Jane Birkin dans l'émission télé "Actuel 2" le 12 novembre 1973 (AIME DARTUS / INA)

L'actrice et chanteuse, Jane Birkin passe une semaine avec nous pour revenir sur ses plus grands succès musicaux. Son quatorzième album studio Oh pardon, tu dormais… sorti le 11 décembre dernier a été produit et composé par Jean-Louis Pierrot et Etienne Daho. Aujourd'hui, on parle d'une chanson qui a d'ailleurs beaucoup marqué ce dernier : Di Doo Dah (1973).

franceinfo : Que représente la chanson Di Doo Dah, extraite de l'album du même nom pour vous ?

Jane Birkin : J'étais contente parce qu'il y avait des morceaux avec mon singe, qu'on a utilisé par la suite sur la couverture de l'album Histoire de Melody Nelson. C'était mon fétiche. Encore une fois, c'était une aimable petite chanson avec mon père qui chantait "Di Doo Di Doo Dah". C'était si bien vu. Il avait fait une autre chanson sur mon singe aussi. Ces chansons-là étaient des bouquets de charme.

'Di Doo Dah' était un petit portrait, une chanson adorable avec toutes les personnes qui m'étaient chères.

Jane Birkin

à franceinfo

Serge Gainsbourg jouait beaucoup avec vous, il vous présentait comme une compagne ingénue, très libérée, voire un peu nymphomane. Vous êtes rentrée dans son jeu.

Oui. Il avait écrit une chanson poilante qui s'appelait Raccrochez c'est une horreur. C'est tellement délicieux, il n'y a rien de très indécent, ça met la pêche.

Dans votre dernier album Oh pardon tu dormais..., Etienne Daho vous a permis de révéler certaines choses dans votre écriture, et notamment le fait d'être jalouse.

La dépendance dans l'état amoureux est une chose qui me fait très peur

Jane Birkin

à franceinfo

Oui. Je trouve que l'état amoureux est vraiment une torture. Je pense même que les gens qui m'ont aimée ont trouvé chez moi un clown, on rigolait bien. Alors quelle horreur quand on aperçoit dans le miroir de la cuisine, lorsque l'autre rentre, un visage tordu d'appréhensions. Où était-il ? A-t-il trouvé quelqu'un d'autre sur le chemin ? Ça doit être tellement pesant à vivre pour une personne, qu'elle doit avoir une forte envie de faire machine arrière, aller dans un café, retarder le moment de rentrer voir cet autre qui a tellement besoin de vous.

Di Doo Dah est une chanson sur l'absence de transformation physique. Ça vous a questionnée ?

Oui, parce que "Je restais aussi plate qu'un garçon. Que c'est con". Oui, oui. J'étais tellement contente à cette époque-là. Dans les gares, j'achetais un magazine qui s'appelait Union et il y avait le courrier des lecteurs. Une fois, il y avait la lettre d'une fille qui disait : Ah ! Maintenant, je n'ai plus honte de ne pas avoir de seins parce que si Jane peut plaire à Serge... Donc, j'étais fière et contente.

Il m'avait montré le dessin qu'il avait fait quand il était aux Beaux-Arts, d'une fille avec un grand cul et de petits seins un peu tombants. Il m'avait emmenée ensuite au Louvre pour me montrer des Cranach en disant que je leur ressemblais, j'étais moitié garçon, moitié fille. Il y avait un vrai jeu là-dessus, comme dans le film Je t'aime moi non plus d'ailleurs, que j'avais inspiré aussi à force de ressembler à un garçon. Ce n'était pas tout, il a fait La décadanse aussi où c'était très exhibitionniste, mais ça me plaisait beaucoup.

Demain pour notre quatrième épisode, on évoquera Ex fan des sixties.  

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