"J'avais plein de choses à exprimer sur scène" : Calogero évoque ses débuts
Calogero est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie du 26 au 30 août 2024. L'occasion de revenir sur cinq moments forts de sa vie avec cinq chansons de son répertoire. L’auteur, compositeur, interprète et musicien occupe la scène et nos playlists depuis plus de 37 ans. Passionné de musique depuis son plus jeune âge, c’est à 16 ans, en 1987, qu’il forme le groupe des Charts avec son frère et un ami. Il se lance dans une carrière solo, 12 ans plus tard, avec son album Au milieu des autres, laissant tomber ses métiers de plombier et d'apprenti boucher.
Avec cette carrière solo, il est définitivement devenu Calogero, un artiste incontournable de la chanson française, avec ses petites pointes pop et rock. Mélodiste incontournable, beaucoup d'artistes ont fait appel à lui comme Florent Pagny et Zazie.
franceinfo : Après 11 ans avec votre groupe Les Charts, vous avez pris votre envol pour une carrière solo. On a rapidement compris que vous alliez compter dans la scène musicale française. Est-ce que vous avez compris qu'avec En apesanteur vous aviez mis un pied dans la cour des grands ?
Calogero : Je crois que j'avais surtout quelque chose de profond à exprimer, une vérité. Alors ça s'est traduit en musique, c'est ma meilleure manière de m'exprimer. Et En apesanteur, c'est la première chanson et c'est comme une perche que le public vous tend. Je crois que cette perche-là, je l'ai attrapée et j'ai continué à montrer d'autres facettes. Si j'avais eu la recette d'En apesanteur, est-ce que j'aurais fait la même chose ? Je ne sais pas. Ce qui était important, c'était de montrer que j'avais plein d'influences différentes, à la fois musicales et à la fois dans le choix des auteurs qui mettaient les mots sur mes mélodies. C'est peut-être, ce qui fait qu'il y a eu une vérité qui fait que je suis encore là.
Le public vous a vraiment adopté dès le départ. Vous a-t-il donné la confiance qui vous manquait ?
Oui, et ça a démarré d'ailleurs aux trois concerts à L'Européen au moment de mon album solo. Je me rappelle que ma maison de disques travaillait sur mes chansons. Ils étaient adorables, mais ils ne m'avaient pas vu sur scène et je savais que j'avais plein de choses à exprimer sur scène et que je pouvais peut-être mettre tout le monde d'accord à ce moment-là. J'ai fait cette petite scène et là, il s'est vraiment passé quelque chose.
"Chaque tournée, par tradition, je commence par L'Européen, trois dates, parce que je suis un peu superstitieux."
Calogéroà franceinfo
En fait, je me souviens d'une personne de ce métier qui était extraordinaire, Yan-Philippe Blanc, qui n'est maintenant plus là, et qui a dit : "Mais ce chanteur, il ne faut pas le travailler de manière classique, il faut le mettre sur scène parce que si on ne l'a pas vu sur scène, en fait, on l'a jamais vu".
Ce chiffre, 3, va devenir le titre d'un album incontournable dans votre carrière. On est en 2004 et c'est une consécration pour vous. Vous enchaînez les tubes avec des titres forts comme Yalla, Si seulement je pouvais lui manquer, le duo avec Passi Face à la mer. Comment avez-vous vécu ce succès ?
Je chante Yalla pour la première fois, avant de l'enregistrer, pour l'anniversaire de Sœur Emmanuelle. Elle est sur une chaise et je lui chante à genoux cette espèce de tourmente incroyable ! Et puis, je rencontre Passi. À l'époque, il n'y avait pas de duo entre le rap et la chanson française. Il y avait Dido et Eminen, mais il n'y avait pas encore la musique urbaine avec la pop. Et en fait, il me dit : "Fais-moi écouter ta musique". Je lui fais écouter. Il me donne rendez-vous le lendemain et il arrive avec son papier, son texte. Il se met derrière le micro et bam ! Il balance les couplets de Face à la mer sur la musique de mon frère Gio et c'est vrai que ce moment a été magique. On était dans une espèce de dynamique de succès puisqu'en fait, c'étaient deux albums en un. Il y avait l'album d'avant : Calogero avec Prendre racine, En apesanteur et Tien An Men. Et puis l'autre s'est complètement enchaîné. C'est drôle parce que j'ai eu ça plusieurs fois dans ma vie, y compris dans ma vie privée.
Si je comprends bien, Yalla occupe une énorme place dans cet album 3 !
Oui, parce qu'elle est sur un fil très délicat, parce que moi, j'ai été éduqué par des parents catholiques. Pour autant, j'aime les églises à Rome parce qu'elles sont magnifiques, mais je ne me sens pas très rassuré de rentrer dans une église. On a beau m'expliquer tout ce qu'on veut, par exemple, je n'arrive pas à supporter l'hypocrisie qu'un curé ne puisse pas se marier.
"Ce que j'ai aimé chez Sœur Emmanuelle, c'est que d'un seul coup, elle a fait tomber l'hypocrisie. Elle disait les choses. Elle a dit : 'J'ai été amoureuse, j'ai fait ça…' et ça, c'est quelque chose qui m'a libéré."
Calogéroà franceinfo
Alors ça ne plaît pas toujours à ma mère ce genre de discussions ! Est-ce qu'on sait ce qui s'est passé quand Marie-Madeleine a lavé les pieds de Jésus avec ses cheveux ? Personne n'était là pour voir s'ils se sont embrassés ou pas. Ma mère avec son accent s'insurge "Mais, c'est horrible de dire une chose pareille !" Mais maman, tu étais là ou pas ? Tu le sais ? Il y a des écrits ?
Calogero repart sur les routes de France avec son A.M.O.U.R. Tour pour de nombreuses étapes, dont le 14 novembre à Dijon, le 15 à Reims, le 23 à Limoges, le 30 à Caen, le 7 décembre à Toulon ou encore les 20 et 21 à Lille.
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