Irma prépare un nouvel album : "Ma voix a mis du temps à se poser et à s'identifier "

Irma est cette femme orchestre arrivée d'un seul coup d'un seul sur le devant de la scène musicale tout d'abord française, puis européenne et mondiale. Son premier album, Letter to the Lord a marqué une rencontre et une fusion avec un public conquis au point de devenir producteur via la plateforme MyMajorCompagny.com en 2011. Les albums The Dawn (2020) et Douala Paris (2022) suivront. Aujourd'hui, elle est de retour avec House of Cards, c'est le premier single d'un futur projet qui va s'intituler Urban Folk. Elle sera aussi sur scène le 11 juin aux Bouffes Parisiens et le 15 mai avec Nick Mulvey, à l'Élysée Montmartre, à Paris.

franceinfo : House of Cards est folk et acoustique. Vous et une guitare. Et cette voix, qui se fait davantage entendre. Il en aura fallu du temps pour entendre cette voix.

Irma : Il en aura fallu du temps. On a beaucoup parlé, en plus, de cette voix qui a mis du temps à se trouver, qui a mis du temps à se poser et à s'identifier aussi, mais qui est là, enfin !

Ça aide énormément de personnes qui vous écoutent, ce cheminement, ce chemin de vie, cette façon d'avancer, cette introspection en quelque sorte. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné vous avez perdu pied ?

C'est assez paradoxal parce qu'au moment où tout a explosé, c'est assez fou, parce que j'étais très jeune. Et, le fait d'avoir quelque chose qui est très exposé tout d'un coup... Quand les tournées s'arrêtent, quand on est entre deux albums, on se demande : "Mais sans ça, je suis qui ?" et c'est de là qu'est partie cette réflexion. C'était à un moment où justement j'avais un peu perdu ma voix, au sens littéral comme au sens figuré, et je me demandais mais sans tout ça, est-ce que j'existe ?

Pourquoi House of Cards ?

C'est cette recherche de rassembler les opposés. "House", c'est la chose qui paraît solide, construite et "Cards" parce que c'est très fragile. Il n'y a pas de solidité sans fragilité et vice versa.

"'House of Cards' est une manière de parler d'une rupture qui s'est très mal passée et de montrer à quel point, du jour au lendemain, les choses qui nous paraissent les plus solides peuvent s'effondrer sans qu'on puisse rien n'y faire."

Irma

à franceinfo

Comme si vous n'aviez pas le droit au bonheur et c'est assez étonnant parce que quand on regarde bien, votre famille vous a toujours donné les armes. Vos parents vous ont toujours laissé suivre votre chemin, partir à Paris, ce qui n'était pas simple. Loin de votre sœur qui vous a donné envie d'aller sur MySpace et à qui vous chantiez vos premières chansons. Avec deux premières personnes qui y croient, en dehors du cercle familial et qui s'appellent Gad Elmaleh et will.i.am. L'histoire ressemble à un conte de fées. Le vivez-vous comme tel ?

Oui et non. C'est-à-dire que oui, dans le sens où je vis tout d'un coup de ma passion et tout d'un coup, je peux tous les jours me lever, prendre ma guitare et jouer. Mais c'est là aussi où on comprend toutes les impressions que laissent sur nous les injonctions sociales quelles qu'elles soient, ou toutes les expériences traumatiques qu'on a pu vivre, tout ce que ça laisse à l'intérieur de nous. C'est qu'au fond, toutes ces choses sur lesquelles je n'ai pas travaillé, m'empêchent d'en profiter vraiment. Et c'est ça qui est dingue à ce moment-là, c'est que je vis toutes ces choses et de l'extérieur, tout paraît féerique et au fond de moi, c'est un peu infernal. Et je ne comprends pas pourquoi. Je me dis surtout mais tu n'as pas le droit de ne pas être bien, parce que regarde tout ce qui se passe, regarde tout ce qui t'arrive.

Il n'y a jamais eu de victimisation dans tout ce que vous avez pu faire. D'ailleurs, c'est quelque chose que vous fuyez, que vous rejetez presque. Pourquoi ?

Il y a une phrase de Martin Luther King que j'ai toujours en tête : "Les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres, il n'y a que la lumière qui peut le faire". C'est quelque chose qui m'a toujours marquée.

"Je me suis toujours dit que ce n'est pas en appuyant sur ce qui ne va pas que je pourrais apporter de la positivité. C'est comme si je m’étais toujours un peu donnée cette mission d'incarner ce que je voulais voir dans le monde."

Irma

à franceinfo

Quand on pense à la musique folk, on pense aussi à Jack Kerouac et donc à son livre Sur la route sorti en 1956. Il y a beaucoup de ça dans votre façon de vivre. N'est-ce pas un résumé de votre vie ?

Totalement. C'est le fait d'être partout chez soi et en même temps de toujours rechercher l'autre ou plutôt se chercher dans l'autre.

Passons à la scène. Vous serez seule en scène le 11 juin aux Bouffes Parisiens et le 15 mai, à l'Élysée Montmartre à Paris accompagnée d'un chanteur américain. Ce sont vraiment deux propositions complètement différentes.

Alors Nick Mulvey est un chanteur de folk mais de folk vraiment dans le sens très traditionnel du terme. L'histoire de cette rencontre est assez incroyable parce qu'elle ne s'est faite pour l'instant que virtuellement. Au moment où House of Cards a touché de plus en plus de monde, je reçois un message de lui. Il m'écrit qu'il a écouté la chanson et qu'il la trouve superbe, etc. Et qu'il a regardé tout mon travail. Et à ce moment-là, il ne sait pas que pendant les deux années que j'ai passées à New York, il a été dans mes oreilles tout le temps. Je lui ai répondu : le message que tu viens de m'envoyer est incroyable parce que tu m'as accompagnée pendant deux ans, notamment dans des moments où j'avais besoin de cette paix qu'apporte ta musique. Et de là, il m'a proposé de l'accompagner sur sa tournée européenne.