Cet article date de plus d'un an.

Guillaume Meurice : "La liberté d’expression est toujours menacée par le pouvoir. Rien n'a changé"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mardi 10 octobre 2023 : l’humoriste, auteur, comédien et homme de radio, Guillaume Meurice. Il publie un livre "Peut-on aimer les animaux et les manger ?" à La Martinière Jeunesse en partenariat avec franceinfo, parraine le festival "Atmosphères" et joue ses deux spectacles à travers toute la France.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Guillaume Meurice à rennes le 7 juin 2023. (DAVID BRUNET / MAXPPP)

Guillaume Meurice est humoriste, auteur, comédien et homme de radio, connu et reconnu pour son franc-parler et ses chroniques qui font rire mais aussi grincer des dents sur France Inter. Il a beaucoup d'aficionados mais aussi quelques ennemis. Sa rentrée 2023 est bien chargée avec quatre actualités. Il y a la publication de son ouvrage Peut-on aimer les animaux et les manger ? à La Martinière Jeunesse, un partenariat avec franceinfo. En deux, le festival Atmosphères, dont il est le parrain et qui s'ouvre le 11 octobre pour se refermer le 15. En trois et quatre, il est en tournée dans toute la France avec deux spectacles. Le premier, c'est Vers l'infini, mais pas au-delà aux côtés d’Éric Lagadec, astrophysicien et enseignant chercheur, avec une représentation dans ce même festival le 14 octobre et puis son one man show Meurice 2027 jusqu'en juin.

franceinfo : Le festival Atmosphères est dédié aux enjeux et solutions du développement durable. Il interroge le monde de demain à travers le cinéma, les arts et les sciences depuis 13 ans et a priori, il vous tient beaucoup à cœur.

Guillaume Meurice : Oui parce que je n'aime pas tellement qu'on oppose le sérieux et la rigolade. La connaissance, c'est toujours vu comme quelque chose de : "On ne se marre pas, on apprend des choses, on se tait, on écoute l'autorité qui va nous enseigner la bonne parole" et moi je pense l'inverse. C'est-à-dire que si on se base rien que sur la biologie, nous sommes des mammifères donc comme tous les mammifères, on apprend en s'amusant. Il y a un côté ludique et c'est ce que j'aime avec ce festival qui mêle justement de la science et de l'amusement et du divertissement. Et les deux ne sont pas antinomiques.

Votre livre s'intitule Peut-on aimer les animaux et les manger ? C'est un dialogue. C'est une discussion que vous avez eue avec une amie, Lucie, qui est végétarienne. Je voudrais savoir d'où est née cette envie d'écrire ce livre.

"Dans ce livre, je me suis amusé à reconstituer un dialogue. Je trouve que c'est assez efficace pour exposer des arguments sans être donneur de leçons parce que dans ces thématiques, on est rapidement : ‘Les mangeurs de viande sont des salauds’ et on n'obtient que de la crispation avec ce type de discours."

Guillaume Meurice

à franceinfo

Je suis végétarien depuis huit ou neuf ans, donc je suis parti d'une discussion que j'ai eue, mais des deux côtés de la table. J'ai d'abord été mangeur de viande et j'ai discuté avec des copains végétariens en disant : "Ouais, mais je ne comprends pas, c'est la nature", avec tous les arguments que j'entends aujourd'hui en tant que végétarien. Donc, le dialogue permet de confronter les points de vue. C'est ça qui m'intéressait.

Et surtout de mettre en avant nos contradictions. Vous citez des chiffres qui font peur : 3,2 millions d'animaux abattus en France tous les jours. 4 500 par minute.

Je me suis dit : ce n'est pas possible, c'est énorme.

Ce chiffre qui est choc, c'est aussi pour aller chercher celles et ceux qui se posent encore des questions et qui pourraient peut-être basculer du "bon côté" ?

C'est pour aller chercher la vérité surtout, la réalité. Quand on consomme de la viande, on a quand même pas mal tendance, j'en faisais partie, à se cacher la réalité, à dire que les animaux ne souffrent pas, que dans les abattoirs, ils sont tués proprement, qu'il n’y a vraiment pas de problème avec l'agriculture intensive. Forcément, pour maintenir nos habitudes, on a besoin de se mentir. Donc là, juste rappeler la réalité, c'est assez efficace. Il y a une phrase de Paul McCartney qui dit : "Si les murs des abattoirs étaient transparents, tout le monde deviendrait végétarien".

On va aussi citer Albert Einstein pour le spectacle Vers l'infini, mais pas au-delà qui est le point de départ. Cette phrase d'Einstein qui dit : "Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue". C'est vrai que vous combattez la bêtise humaine depuis longtemps.

Je la combats ! Mais j’y participe aussi.

"Je participe aussi à la bêtise humaine ! Elle m'intéresse, c'est un sujet d'étude passionnant."

Guillaume Meurice

à franceinfo

Vous êtes né dans une famille modeste avec une maison de la presse d'un côté, maman au foyer, mais elle vous a aussi beaucoup apporté dans l'échange, dans le débat politique avec votre père. Est-ce que cette envie d'avoir cette répartie, de susciter le débat, part de là ?

Tout le village passait dans la maison de la presse de mes parents. Elle était située dans un petit village en Haute-Saône qui s'appelle Jussey. C'était un peu l'endroit du village où tout le monde venait discuter, débattre, mais c'était toujours joyeux. Il y avait des gens de toutes idéologies confondues, et j'ai toujours ce souvenir d'émulation. J'ai grandi là-dedans, alors je ne vais pas faire de la psychanalyse de comptoir, mais je pense que ça a beaucoup participé à ce que je suis aujourd'hui. Ma passion, mon intérêt pour la discussion, surtout avec les gens avec lesquels je ne suis pas d'accord, parce que ce sont ces gens-là qui peuvent m'apporter quelque chose, un autre point de vue, me challenger, vient de là !

Est-ce qu'avec les attentats de Charlie Hebdo ont renforcé l'idée que la caricature était essentielle ?

J'espère que oui. Elle est essentielle parce que c'est tout simplement la liberté et la liberté d'expression, on en a beaucoup parlé à ce moment-là, mais c'est important d'en parler un peu à tous les moments finalement. Elle est toujours menacée par le pouvoir. Rien n'a changé. Le danger pour la liberté, ça reste toujours le pouvoir, l'oppression etc. Alors oui, c'est important.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.