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Gabriel Yared, 40 ans de carrière, 100 musiques de film : "Je n'ai encore rien dit"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, Gabriel Yared, compositeur et arrangeur, invité d’honneur du festival du Cinéma & Musique de film qui se déroule à la Baule du 6 au 11 novembre. 

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le compositeur Gabriel Yared invité de franceinfo le 17 septembre 2019 (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Gabriel Yared est l’invité d’honneur du festival de la Baule. L’occasion pour lui de fêter ses 70 ans et surtout ses 40 ans de carrière. Ce n’est pas un homme qui aime regarder dans le rétro : "Je m’en fiche de l’âge finalement, j’ai découvert la musique très très tôt dans ma vie mais j’ai commencé vraiment à l’épouser assez tard, vers 30 ans. C’est quand je l’ai vraiment étudiée de près que ma vie a commencé."

La musique, "la seule chose qui me faisait vibrer"

Sa famille n’est pas mélomane mais la musique l’émeut dès son plus jeune âge : "Je crois que je suis né avec ça car je suis dans une famille où il n’y a absolument aucun artiste, personne ne comprenait chez moi pourquoi c’était la seule chose qui me faisait vibrer".  Elève dans un pensionnat jésuite à Beyrouth dès l’âge de 4 ans, son seul moment de bonheur est de s’échapper de la récréation pour se rendre dans une salle de piano. C'est à cette période qu'il fait "de la lecture musicale [son] alphabet principal. Je me suis dit que si vraiment cet art m’intéressait, il faudrait que je puisse le déchiffrer".

Ses parents encouragent son don comme un hobby, ils aiment bien l’exposer quand il y a des invités, "ce qui me rendait fou d’ailleurs, je n’aimais pas ça". Il va jusqu’à faire un groupe avec ses trois sœurs et son frère en reprenant de vieilles chansons ou encore celles de Françoise Hardy. Ses parents ne pensent pas que c’est un métier : "Mon fils est doué, c’est un très bon musicien... mais il va faire du droit".

Je voulais être compositeur et orchestrateur à la fois.

Gabriel Yared

à franceinfo

Gabriel Yared ne suit évidemment pas le chemin espéré par ses parents. C’est en travaillant pour Françoise Hardy, Michel Jonasz ou encore Gilbert Bécaud qu’il débute. Il commence comme orchestrateur et si, de prime abord, ce n’est pas le domaine dans lequel il s’épanouit le plus, il est à bonne école en apprenant sur le tas. La première mélodie qu’on lui confie, c’est J’ai un problème, le duo Sylvie Vartan - Johnny Hallyday en 1973.

Gabriel Yared est reconnaissant envers les artistes qui lui ont confié leurs mélodies : "C’est grâce à eux finalement que j’ai pu acheter des partitions d’orchestre, apprendre la musique". Huit ans après, il s’autorise à prendre deux années sabbatiques et part apprendre la musique : "Je voulais être compositeur et orchestrateur à la fois".

Godard, Beineix : premiers pas au cinéma

C’est par le biais de Jacques Dutronc ("mon bienfaiteur") que le cinéma lui tombe littéralement dessus, en 1980. Amateur des chansons que Gabriel Yared a composées et orchestrées pour Françoise Hardy, il parle de lui à Jean-Luc Godard. Ce dernier cherche quelqu’un pour la musique du film Sauve qui peut (la vie)

Mais c’est avec la bande originale du film 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix, en 1986, que Gabriel Yared marque de son sceau l’histoire du cinéma. Et pourtant, sa première collaboration avec Jean-Jacques Beineix sur le film La lune dans le caniveau n’avait pas été un franc succès à Cannes. Il raconte que le thème lui vient de sa rencontre avec Béatrice Dalle, piètre pianiste et Jean-Hugues Anglade qui lui a une très bonne maîtrise du piano : "Ils devaient jouer au piano le thème du film (…) Et si on écoute le thème de 37°2 le matin, c’est ça, il y a Béatrice qui joue avec un doigt, une gamme qui monte et Jean-Hugues qui fait l’accompagnement".  

"Le patient anglais"

Ce film, c’est avant tout une très grande rencontre pour Gabriel Yared.  Avec Anthony Minghella, professeur de littérature, auteur de pièces de théâtre pour la BBC : "Il est venu me voir d’abord parce qu’il aimait beaucoup 37°2 le matin et L’Amant mais aussi parce qu’il aimait ma manière de travailler c’est-à-dire composer avant l’image". Pour travailler avec lui, le réalisateur se bat contre le producteur qui refuse car il ne le connaît pas Gabriel Yared. "Je suis allé à San Francisco pour jouer le thème au producteur et bon, c’est parti de là". Cette aventure se termine par l'Oscar de la meilleure musique de film pour Le Patient anglais en 1997.

Gabriel Yared a composé plus de 100 musiques de film. Sa préférée ? "Celle qui me dépasse le plus, probablement, et que je n’ai pas écrite avant le film : Camille Claudel". Mais après 40 ans de carrière, le compositeur ne pense pas à la retraite : il se dit "rempli d’espoir pour le futur. C’est-à-dire que je n’ai encore rien dit ".    

Le Festival de la Baule c'est jusqu'au 11 novembre.

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