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Enzo Enzo, un nouvel album "Eau calme" pour "accepter d’être imparfaits"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’autrice, compositrice et chanteuse Enzo Enzo.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
L’autrice, compositrice et chanteuse Enzo Enzo. (SOPHIE BOULET / TOUS DROITS RÉSERVÉS)

Autrice, compositrice, interprète et bassiste notamment dans le trio Lili Drop qui a marqué les années 1980. On se souvient de son tube devenu incontournable : Juste quelqu'un de bien, écrit par Kent et qu'Enzo Enzo réinterprète d'ailleurs dans son nouvel album Eau calme. Cet album épuré et très intimiste sort vendredi 12 mars.

Elodie Suigo : Avec cet album vous aviez besoin d'alléger le moment ?

Enzo Enzo : Toujours besoin d'alléger ! La légèreté, c'était un bon cap. Et là, la forme très épurée de ce dialogue avec un musicien, ça permet de se montrer au plus près de soi-même, au plus près de ce qu'on est, au plus près de sa singularité. Peut-être que cette époque de pandémie, nous donne encore plus besoin de nous rapprocher, de nous montrer vrai. Le souligner dans la musique, c'était quelque chose qui m'était nécessaire.

Mon travail a toujours été comme ça, j'aime bien aller au fond des choses, au fond des gens

Enzo Enzo

à franceinfo

Il y a une belle collaboration avec Stacey Kent, les deux voix qui s'entremêlent. D'ailleurs, votre voix ne prend pas une ride. J'ai dû vérifier plusieurs fois votre date de naissance. Quand vous dites "Passer 60 fois l'enfance", je me suis dit que "n’était pas possible, il doit y avoir une erreur et pas du tout. Comment vivez-vous le temps qui passe ?

Moi ça va. J'aime tous les âges. Je suis fille de Slaves et de gens qui ont une bonne composition, une bonne nature, qui s'intéressent à la relation et à l'amour et donc, je ne perds pas trop de temps dans les difficultés du paraître.

Vous êtes d'origine russe Körin Ternovtzeff... Alors pourquoi Enzo Enzo ? J'ai lu que c'était en rapport avec un surnom donné à un garçon que vous aviez croisé quand vous aviez 18 ans sur une plage turque ?

Oui, parce qu'on l'avait surnommé Enzo. Surtout, c'est que je n'aime pas mon prénom Körin et Ternovtzeff. C'est très joli mais ça fait quand même long et c'est difficile à prononcer. Je trouve que c'est chouette de pouvoir avoir un nom spécial pour les choses difficiles qu'on a à accomplir comme se montrer, monter sur scène, dire : "Arrêtez maintenant vous allez tous vous taire, je vais vous chanter une chanson." Moi, je ne pouvais pas m'appeler Körin Ternovtzeff pour aller sur scène, j'avais besoin d'avoir un nom comme d'un projet qui englobait plusieurs personnes et puis c'est un joli nom, un joli mot et je l'ai dit deux fois sinon ça faisait garçon.

Votre famille ne vous emmenait pas forcément au cinéma ou au théâtre mais il y avait un énorme amour de la radio.

On écoutait la radio le matin et j'écoutais de la chanson.

Pourquoi la musique ?

Mon père chantait beaucoup à la maison, en faisant la cuisine. Il rentrait plus tôt et adorait ma mère, donc il faisait beaucoup les tâches ménagères et il était joyeux, il aimait chanter. Pour moi, chanter c'est normal et puis aussi peut-être parce que quand j'écoutais les disques, ça me faisait partir, ça me faisait vibrer. J'ai appris que quand on entend une voix, nos cordes vocales vibrent par sympathie et je suppose que j'ai trouvé du réconfort en entendant certaines voix.

A mon époque de jeune fille, je séchais l'école et j'allais chanter dans les couloirs du métro, il y avait une résonance, quelque chose qui m'a montrée très vite que j'éprouvais une sensation de légèreté, de vérité. Vraiment, c'est vibratoire.

Enzo Enzo

à franceinfo

Un mot sur Lili Drop, ce trio qui a marqué les années 1980. Qu'est-ce que ça vous a apporté ?

C'était une aventure, c'était un petit bout dans la vie qui m'a permis d'aller vers l'inconnu, l'excentricité, la route, la scène. Avant de faire partie de Lili Drop en tant que bassiste, j'avais été Rodi.

Puis le grand saut, vous quittez le groupe. Le premier 45 tours est signé Körin Noviz et puis il y a Enzo Enzo qui arrive. Un raz-de-marée en 1994 avec Juste quelqu'un de bien, texte et musique de Kent, Prix de l'Académie Charles-Cros puis une Victoire de la musique. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Horrible. Je n'étais pas prête et être saluée pour un titre que finalement, je n'avais même pas écrit... Je l'avais bien porté mais à l'époque, je n'étais pas capable de saisir le travail d'un interprète. Je l'avais choisie, repérée, chantée, honorée. Elle a été récompensée. Moi, ça m'impressionnait, je me disais : "Mais non, pas moi, il ne faut pas qu'on me regarde !" Ça m'a foutu la trouille, ça m'a permis de faire beaucoup de voyages à l'étranger et d'incarner la chanson française. C'était une très belle carte de visite de qualité, qui n'est pas abîmée.

Fière de cet album et du parcours effectué ?

Oui, je peux dire ça. J'avais envie de faire cet album comme on l'a fait, en étant très exposé, très pur, le moins possible d'instruments enregistrés en même temps, accepter d'être imparfaits. Aller vraiment à l'essentiel de la mélodie. Je suppose que si moi j'en ai envie d'autres oreilles en ont envie.

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