Dans son nouvel album "Key to the Highway", Jean-Jacques Milteau traverse les frontières musicales avec son harmonica

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 29 mars 2024 : l’harmoniciste, Jean-Jacques Milteau. Il revient avec un nouvel album "Key to the Highway" et sera en tournée avec un passage le 21 mai au New Morning à Paris.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
L’harmoniciste, Jean-Jacques Milteau, le 22 avril 2021. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Jean-Jacques Milteau est harmoniciste, amoureux et passionné des mélodies sans aucune fausse note. C'est en écoutant Bob Dylan et les Rolling Stones qu'il a découvert cet instrument devenu sien, compagnon de route idéal. Un voyage aux États-Unis scellera cette fusion totale, d'abord en tant qu’instrumentiste accompagnateur pour les plus grands comme Yves Montand, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Maxime Le Forestier, Renaud ou encore Charles Aznavour. Avant de se lancer dans une carrière personnelle, il est notamment devenu un des Enfoirés au sein des Restos du cœur fondés par Coluche pour lutter contre la faim et la précarité.

Aujourd'hui, Jean-Jacques Milteau revient avec un nouvel album "Key to the Highway" et il sera en tournée avec un passage le 21 mai par le New Morning à Paris.

franceinfo : Key to the Highway est d'abord une déclaration d'amour que vous faites à cet instrument ?

Jean-Jacques Milteau : Je me suis rendu compte, au fil du temps, que tout ce qui m'était arrivé dans la vie depuis que j'avais acheté un harmonica, c'était à cause de lui !

C'est plutôt grâce à lui. Vous montrez à travers cet album que finalement, il faut faire tomber les frontières, mais surtout qu'elles sont nécessaires pour le métissage.

Les frontières sont nécessaires pour se repérer. Elles sont un peu contestées en ce moment. Mais en musique, ce n'est pas nécessaire. Finalement, elles sont là pour être traversées et Key to the Highway, c'est un peu cette idée de faire se rejoindre les musiques noires et les musiques blanches du sud des États-Unis, qui m'ont toujours passionné, tous les styles de musique et particulièrement le blues et la soul.

Que représente cet instrument pour vous ?

Je ne peux pas dire un rêve puisque c'est ce qui m'est arrivé. En même temps, c'est une sorte de particularité que des choses minuscules comme ça transforme une vie. Ça laisse beaucoup d'espoir pour l'avenir.

"Je n'aurais jamais pensé quand j'ai acheté un harmonica l'équivalent d'un euro, que ça déciderait de ma vie."

Jean-Jacques Milteau

à franceinfo

Quand on regarde bien, la majorité des garçons font surtout de la guitare. Ce n'est pas si courant que ça de trouver des harmonicistes.

Ils jouent de la guitare pour pouvoir sourire aux filles. Quand vous jouez de l'harmonica vous ne pouvez pas sourire en même temps ! Imaginez si Elvis Presley avait joué de l'harmonica. Ça permet de se cacher derrière un peu et ça évite de raconter des bêtises aussi.

Je me demandais à quel âge vous aviez compris que l'harmonica et la musique allaient faire partie de votre vie.

Je me demande encore ! Quand j'ai eu 35 ans et que j'ai eu un fils, je me suis dit : qu'est-ce que tu sais faire maintenant ? Tu as l'air malin avec ton harmonica, il faut que tu ailles un peu plus loin et j'ai commencé à réfléchir.

Que représente cet album pour vous ?

Un grand plaisir parce que les voix qui figurent dessus sont des voix que je connais depuis un certain nombre d'années, à l'exception peut-être de Mike Andersen que j'ai rencontré pour la première fois, il y a quelques mois. Mais ce sont des gens avec qui j'ai tourné et avec qui j'ai partagé beaucoup de scènes. Je suis très content de les avoir réunis et en même temps, ça crée une espèce de continuité dans la musique tout en étant différent. En fait, quand je l'écoute, je ne m'ennuie pas.

Mike Anderson, Harrison Kennedy, Carlton Moody, Michael Robinson... Il n'y a que des grands, des grandes voix. C'est comme une conversation entre l'instrument et les voix ?

C'est exactement ça.

"Ce qui m'a plu dans le blues, c'est que l'harmonica était l'interlocuteur du chanteur. C'est une sorte de coach qui renvoie la balle. Il faut trouver sa place."

Jean-Jacques Milteau

à franceinfo

Dans cet album, il y a plein de mélanges, des intonations country, blues, du jazz... C'est vraiment un melting-pot de toute cette histoire de la musique. Comment vous définissez-vous dans ce paysage qui est très éclectique ?

Je dirais que c'est cette musique qui me touche. Elle vient essentiellement du sud des États-Unis et ça représente peut-être une forme de rêve américain tel qu'on a pu le définir à un moment, c'est-à-dire le fait de partir d'un point X pour aller à un point Y sans utiliser les véhicules habituels.

Quand on est musicien, qu'on ne chante pas, qu'on n'est pas sur le devant de la scène, on se protège ?

Je suis d'accord avec vous, mais en même temps, vous avez peut-être plus une vision d'ensemble, du fait du recul. En fait, un concert, c'est un peu comme un film, c'est un montage de morceaux qui se suivent et il faut conserver un rythme. Il y a forcément des moments forts et des moments moins forts. C'est une sorte de mise en image, de mise en scène.

Le 21 mai prochain, vous serez à Paris, au New Morning, en concert. Ça représente quoi de monter sur scène avec cet harmonica et puis avec cette musique ?

J'espère surtout du plaisir pour mes musiciens et moi. Le New Morning est une salle mythique et je me rappelle avoir joué au New Morning à Lausanne ou à Genève avant que celui de Paris existe. À l’époque, il y avait Johnny Winter, pas mal de gens qui jouaient à cet endroit ce soir-là et de me retrouver au New Morning presque 40 ans après, ça fait plaisir.

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