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Avec leur nouveau film, "Les fantasmes", David et Stéphane Foenkinos sont "dans l'humour noir"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, ils sont deux, réalisateurs et frères, David et Stéphane Foenkinos.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
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Temps de lecture : 6min
  (NEILSON BARNARD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Stéphane Foenkinos est directeur de casting, scénariste, réalisateur et doit sa vocation à sa rencontre avec Jacques Doillon. Il a travaillé avec André Téchiné, Woody Allen, Terrence Malick, mais aussi avec un certain David Foenkinos, son frère. David, quant à lui, est romancier, dramaturge, scénariste et réalisateur. En 2011, ensemble, ils ont coréalisé le long métrage : La délicatesse, une adaptation d'un roman de David, nommé deux fois aux César et sorti dans plus de 15 pays. Mercredi 18 août, sort leur nouveau film Les fantasmes.

franceinfo : Stéphane Foenkinos, c'est Jacques Doillon qui à l'origine s'est rendu compte qu'il était important pour vous de travailler avec votre frère ?

Stéphane Foenkinos : Je ne sais pas si on aurait travaillé ensemble. Peut-être que nos chemins se seraient croisés autrement. Mais c'est vrai que là, c'étaient des routes parallèles et que grâce à lui, elles se sont rapprochées.

David, vous avez beaucoup travaillé sur la jalousie.

David Foenkinos : Oui. C'était notre deuxième film Jalouse en 2017. C'était avec Karin Viard, jalouse de sa fille. On aimait ce sujet un petit peu sulfureux.

Un tournant s'opère avec Les fantasmes tout en étant une vraie continuité dans votre travail. C'est une série de petits sketches sur des addictions, des fantasmes. 

David Foenkinos : dans ce film, on est dans l'humour noir. Et c'est vrai que c'est le sketch interprété par Monica Bellucci et Carole Bouquet. Cette dernière est à fond et c'était vraiment réjouissant de les voir comme ça et de s'amuser avec elles. Il y a effectivement des fantasmes un peu plus tordus, mais tous sont réels et existent.

Cette mise en avant du rôle des fantasmes dans nos vies est 'folle'. On se pose tous la question en regardant le film.

David Foenkinos : Cela interroge sur son propre désir. Les gens nous révèlent leurs fantasmes, alors je n'ose pas le dire, mais ça peut aussi donner des idées. Finalement, c'est extrêmement symbolique, le fantasme, c'est le symbole de notre vie intérieure. De ce qu'on cache ou de ce qu'on a envie de partager ou de ce qu'on veut avouer ou pas avouer. C'est aussi ce qui permet la comédie.

Le fantasme est un révélateur de personnalité, d'intimité très fort

David Foenkinos

à franceinfo

Êtes-vous 'voyeurs' tous les deux ?

David Foenkinos : On est à fond 'voyeurs". On ne peut pas être réalisateurs et ne pas être 'voyeurs', on voit et on revoit et on revoit au montage. Clairement, on a vraiment les pires vices.

Vous êtes extrêmement complémentaires l'un et l'autre. Vous êtes issus du même nid et vous avez eu deux trajectoires différentes, pour mieux vous retrouver finalement. Enfants, vous aviez déjà les mêmes envies, les mêmes rêves ou vous étiez déjà différents ?

David Foenkinos : On avait six ans d'écart. Ça se voit moins maintenant, je suis le plus jeune. Et c'est vrai que Stéphane va apporter beaucoup de cinéma à la maison. Il m'a transmis ça, on avait donc ce point commun. On avait des vies très différentes avec l'écart d'âge. C'est assez étonnant de voir à quel point, effectivement, on est totalement complémentaires.

Stéphane Foenkinos : Ce n'est absolument pas calculé et c'est ça qui est beau. Je pense que des gens nous auraient forcé en nous disant : "Vous allez travailler ensemble ! " On ne l'aurait peut-être pas fait. C'est vrai que j'ai un frère écrivain, mais j'ai découvert un frère metteur en scène.

Vos parents étaient très absents.

David Foenkinos : On ne va peut-être pas dire ça. Ils voyageaient beaucoup, ça c'est sûr, mais ils n'étaient pas non plus très absents.

En attendant, vous vous êtes vraiment découverts des passions dans l'imaginaire, à travers les livres, la lecture, l'écriture. Du coup, ça a développé ce sens-là chez vous deux ?

Stéphane Foenkinos : De se transposer dans un écran. J'ai vraiment vécu à travers des films très jeune. C'est étonnant. On n'arrive pas à comprendre pourquoi les choses se font comme ça, mais c'est agréable quand aujourd'hui, mon compagnon de jeu est mon frère, alors que ce n'était pas écrit.

On a le sentiment que vous avez une quête de progression tout le temps, de se nourrir en permanence de l'image et d'apporter autre chose.

Stéphane Foenkinos : En fait, on est toujours dans un éternel recommencement.

Ce métier nous oblige à toujours redémarrer à zéro. C'est fou. On continue toujours à s'interroger, à se questionner

Stéphane Foenkinos

à franceinfo

Dans La délicatesse, on a un personnage qui garde sa simplicité, ses valeurs. C'est ce qui vous définit et qui se retrouve à l'image dans Les fantasmes.

David Foenkinos : Ils ont été portés par ce qu'on leur a proposé et peut-être qu'ils avaient aussi confiance dans la façon dont on voyait les choses.

C'est ce qu'il y a de plus important quand on fait du cinéma, essayer d'emmener tout le monde vers un espace de liberté

David Foenkinos

à franceinfo

Quel est votre fantasme ? Est-il avouable ?

David Foenkinos : Je me suis rendu compte en faisant le film, que peut-être j'étais proche du plus tordu des fantasmes du film qui est la thanatophilie. Alors, je ne suis pas excité par la mort, mais c'est vrai que dans tous mes livres, dans nos films aussi, il y a souvent des scènes de cimetière. Il y a des scènes de vie et en tout cas, quand on a le sentiment de la finitude, je pense que ça peut être pleinement réjouissant aussi.

Stéphane Foenkinos : Moi, je botte en touche et je dis la cinéphilie, c'est un fantasme comme un autre.

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