Mot de l'éditeur"Attraper un chat noir dans l'obscurité de la nuit est, dit-on, la chose la plus difficile qui soit. Surtout s'il n'y en a pas.Je veux dire : surtout s'il n'y a pas de chat dans la nuit où l'on cherche.Ainsiparle un vieux proverbe chinois à la paternité incertaine. DuConfucius. Paraît-il. J'aurais plutôt pensé à un moine japonais. Ou bienà un humoriste anglais. Ce qui revient à peu près au même.Je croiscomprendre ce que cette phrase signifie. Elle dit que la sagesseconsiste à ne pas se mettre en quête de chimères. Que rien n'est plusvain que de partir à la chasse aux fantômes. Qu'il est absurde deprétendre capturer de ses mains un chat quand nul ne saurait discerner,même vaguement, sa forme absente dans l'épaisseur de la nuit.MaisConfucius, si c'est de lui qu'il s'agit, ou bien le penseur improbableauquel on a prêté son nom, n'affirme pas que la chose soit impossible.Il dit juste que trouver un chat noir dans la nuit est le comble dudifficile.Et que le comble de ce comble est atteint si le chat n'est pas là.J'ouvreles yeux dans le noir de la nuit. Des lignes, des taches, des ombres,le scintillement d'une forme qui fuit. Quelque chose qui remue dans uncoin et envoie ses ondes ricocher au loin vers le vide qui vibre."Le chat de Schrödinger , de Philippe Forest est publié par Gallimard (336 p., 19,90E) Note : ***