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"Je vois des jardins partout", de Didier Decoin

Jardiner c'est faire confiance à la terre. C'est ce que rappelle Didier Decoin, de l'Académie Goncourt, dans son nouveau livre. Une promenade émerveillée et parfois nostalgique dans les jardins de sa vie, les siens et ceux des autres.
Article rédigé par Philippe Vallet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Je vois des jardins partout , de Didier Decoin est publié chez Lattès (230 p., 14,50E) Note : ****

Mot de l'éditeur

"A l'instar de la Manière de visiter les jardins de
Versailles
(seul ouvrage qu'écrivit jamais Louis XIV), Je vois des jardins
partout
est une sorte de manière de visiter les jardins de ma vie. Ceux que
j'ai possédés, et ceux des autres, publics ou privés, que j'ai arpentés. En me
penchant sur tous ces jardins, c'est aussi sur mon passé que je me penche, et
si je vois des jardins partout, c'est que les jardins ont été, quantitativement
et qualitativement, le paysage le plus récurrent et le plus constant de mon
existence. En ce sens, ce livre est peut-être une autobiographie déguisée...
Cézanne disait que "peindre signifie penser avec son pinceau". Jardiner,
c'est penser avec un sécateur, des semelles gadouilleuses, un mal de dos et des
engelures aux doigts. Ou un coup de soleil sur le nez. Oui, jardiner, c'est
penser, mais penser par avance, imaginer, anticiper ce qui va sortir de terre –
et dans quel désordre ou quelle harmonie innés ça va surgir. Et c'est avant
tout faire confiance à la terre. En écrivant ce livre, je me suis aperçu qu'il
n'y avait pas d'école de vie plus sûre ni plus charmante qu'un jardin, que ce
soit le paradisiaque et génial Jardin Blanc conçu par Vita Sackville-West dans
son domaine de Sissinghurst ou le très modeste recoin qu'on m'avait alloué dans
le potager familial pour y faire pousser ce que je voulais – j'avais opté pour
quelques épis de blé, dont j'avais tiré quelques grammes de farine, dont je fis
un pain minuscule mais tellement délectable que j'en ai encore le goût en bouche.
L'admirable Epicure, qui affirmait que le plaisir est le souverain bien (comme
je suis d'acord avec lui !), avait installé son école philosophique dans un
jardin où il passa son existence. Vingt-trois siècles après la mort du
philosophe grec, les jardins continuent de nous enseigner l'essentiel de la vie
: on y apprend la patience, l'humilité toujours, la déception quelquefois, le
silence, l'harmonie, les parfums et les saveurs, la beauté, on peut y faire
l'expérience de la mort (je l'ai croisée dans un jardin anglais sous la pluie)
– et de l'amour, bien sûr, car qui n'a pas fait l'amour dans un jardin au
printemps ne sait pas encore tout de l'amour... J'ai essayé de concevoir ce livre
pour qu'il soit lu comme on visite un jardin : sans trop de logique, donc, sans
que son parcours soit guindé ni rigide, ni surtout pédant – mais une simple
déambulation parmi des souvenirs jardiniers qui m'ont enchanté et parfois
bouleversé."  Didier Decoin

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