"De là, on voit la mer", de Philippe Besson
De là, on voit la mer , de Philippe Besson est publié par Julliard (204 p., 19E) – Note : ***
Résumé : Habituée à manier la fiction et à dominer le réel, une
romancière part travailler en Italie sans imaginer que des accidents vont venir
bouleverser le cours de son existence et l'obliger à s'interroger sur ses choix,
ses renoncements, ses attentes.
Louise, 40 ans, part s'installer dans une villa en Toscane
pour écrire son roman. Elle abandonne à Paris son mari, François, meurtri mais
résigné. À Livourne, ville portuaire ou règne une chaleur écrasante, tout
l'enchante : la qualité du silence, la mer partout présente, l'incessant ballet
des ferries vers les îles. Et cette parfaite solitude que seule vient déranger
la présence discrète et dévouée de Graziella, la gouvernante qui s'occupe de la
maison. Louise n'a jamais connu un tel sentiment de plénitude. Elle écrit
l'histoire d'une femme qui doit réapprendre à vivre après la disparition de son
mari. Les mots viennent à elle tout naturellement.
Un jour, un jeune homme sonne à sa porte. C'est Luca, le fils de Graziella.
Élève à l'Académie navale, il porte ses vingt et un ans avec une grâce
insolente. Jamais Louise n'aurait pu envisager d'être troublée par un garçon de
cet âge. Tenter de résister au charme de Luca serait pourtant aussi vain que de
vouloir échapper à la moiteur de l'été. Au moment ou elle cède à la sensualité
de ce corps qui l'attire, elle apprend qu'un accident de voiture a grièvement
blessé son mari. Fiction, fantasme et réalité se télescopent, mais dans quel
but ? Louise doit se rendre au chevet de François, plus vulnérable que jamais.
Forte de cette ferveur inattendue qui lui a ouvert les yeux, elle sait que l'instant
est venu d'affronter tous les mensonges accumulés avec les années, quelles
qu'en soient les conséquences...
Il y a des paysages dont la simplicité peut éclipser tout ce qu'on avait
contemplé jusque-là, des retranchements volontaires qui vous révèlent à
vous-mêmes, des rencontres qui ne peuvent se produire que lorsqu'on a fait le
vide autour de soi. Roman sur la solitude nécessaire de l'écrivain, une
solitude ni oppressante ni douloureuse, mais émancipatrice, De là, on voit la
mer est une ode à la liberté, celle qui implique de faire des choix, de
sacrifier ce qui n'a plus de raison d'être, liberté sans concession, qui peut
sembler brutale, égoïste et déterminée, mais qui permet seule de créer, d'aimer
à sa guise, de tenir la barre de son existence sans se soucier des préjugés ni
des vents contraires... Un magnifique portrait de femme, tranchante et résolue,
larguant progressivement les amarres, s'affranchissant de tous ses liens pour
voguer sereinement vers une destination connue d'elle seule.
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