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Cannes 2016 : cinéma du réel contre esthétisme, c'est le premier qui gagne

On assiste cette année à Cannes à un mélange des genres et dans le match entre esthétisme et cinéma du réel, la réalité l'emporte.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Montée des marches du film Baccalauréat de Cristian Mungiu à Cannes  © Maxppp)

À deux jours du palmarès, il fallait un gros calibre pour réveiller la Croisette. Il est arrivé, sans se presser. Cristian Mungiu a beau dire qu’il y’a "tant de bons films qui n’ont jamais rien eu ", on voit mal comment il pourrait ne pas entendre la rumeur qui enfle : son Baccalauréat est "palmable". Le réalisateur a déjà une palme d’or en poche, conquise en 2007 avec Quatre mois, trois semaines, deux jours . Il faut dire que le roumain n’y est pas allé de main morte. On entre dans son film par la porte du cinéma réaliste, sec, on en sort essoré, avec mille réflexions en tête. 

Eliza, brillante lycéenne, prépare l'examen du bac. Si elle obtient 18 de moyenne, ce qui est à sa portée, elle remportera le bingo : une bourse et des études à Londres pour fuir cette Roumanie en laquelle son père ne croit plus. Le papa qui surinvestit l’avenir de sa fille, c’est un chirurgien au bord de la crise de la cinquantaine, entouré de femmes : sa mère, sa femme dépressive, sa fille, et sa maîtresse, mais pas de scrupules.

Le type est rondouillard, insipide mais quand Eliza se fait agresser à la veille du bac, il commence à déraper. Pour s’assurer que le choc subi n’ait pas de mauvaises conséquences sur les notes de sa fille, il active ses relations et tombe dans la corruption, comme d’autres dans la drogue. On le trouvait sympa, il devient pathétique, mais surtout emblématique, car le réalisateur lui met sur le dos tous les travers de la société roumaine depuis la chute du communisme. Les petits ruisseaux des compromis font les grandes rivières de la corruption, version carpate du "charité bien ordonnée commence par soi-même".

La leçon de cinéma de William Friedkin

William Friedkin est à Cannes cette semaine. Le réalisateur, Oscarisé pour The French Connection en 1972, auteur plus récemment du très efficace Killer Joe , a donné la traditionnelle leçon de cinéma du festival. A 80 ans, il est toujours aussi passionné. 

L’iguane, Mr Iggy Pop , est lui aussi à Cannes et mériterait un prix d’interprétation pour l’ensemble de sa vie de rocker, il est venu avec Jim Jarmush, fan absolu et auteur de Gimmie danger , documentaire totalement subjectif sur Iggy Pop époque Stoogies.

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