Rein de porc transplanté sur un patient vivant : "c'est une date extrêmement importante", assure un spécialiste des greffes
L'expérience avait déjà été tentée sur des patients en état de mort cérébrale, mais la médecine vient de passer un cap. Une équipe de médecins de l'Hôpital général du Massachusetts à Boston a annoncé, jeudi 21 mars, la réussite d'une greffe de rein de porc génétiquement modifié sur un humain. Le patient est un homme de 62 ans, il se porte bien et son système humanitaire n'a pas l'air de rejeter la greffe. "C'est une date symbolique", reconnaît le professeur Olivier Bastien, expert de la greffe, ancien directeur de l'activité de prélèvement et de greffes d'organes et de tissus en France à l'Agence de la Biomédecine.
Il s'agit d'une xénogreffe, la transplantation d'organes d'animaux sur l'homme, qui remonte à une semaine. Un processus complexe car par défaut le système du receveur a tendance à attaquer l'organe étranger. "Il y a plusieurs étapes dans le rejet", détaille le professeur Olivier Bastien. Pour le patient américain "on est sur la phase du rejet aigu, puis il y aura ensuite une deuxième étape, plus compliquée, qui sera le contrôle du rejet chronique. Le rejet à 10 ans ou 15 ans, mais nous n'en sommes pas encore là. Symboliquement, c'est une date extrêmement importante," assure le scientifique.
Un espoir pour les patients en attente
Il y a aux États-Unis 100 000 patients environ qui attendent une greffe de rein, contre 20 à 30 000 en France."Sur le plan théorique ces patients pourraient recevoir une greffe de rein de porc génétiquement modifié. Il y a néanmoins encore des étapes à franchir. "C'est une industrie de biotechnologie très complexe à mettre en œuvre. Les États-Unis ont relancé un programme de recherche depuis 10 ans. C'est le cas également de certains pays asiatiques. Il est extrêmement important que l'Europe se mette aussi dans la course," conclut cet expert.
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