Vers une nouvelle crise générale de la zone euro ?
On le sait depuis déjà un bon moment, les marchés financiers aiment se faire peur, Fabienne, sans que leur comportement soit toujours très rationnel. Alors examinons sérieusement le risque grec.
Oui, c’est indéniable la situation politique est incertaine : comme le parlement n’a pas pu s’accorder pour nommer un nouveau président de la république, des élections législatives anticipées auront lieu le 25 janvier prochain, et les sondages indiquent une avance assez nette du parti de la gauche radicale, Syriza. Et ce parti s’est singularisé par une dénonciation virulente de l’austérité qui frappe le pays depuis quatre ans, ce qui vaut à ce parti de peser 30% dans l’opinion. L’an dernier, ses dirigeants exigeaient que la Grèce sorte de la zone euro, mais ils ne le réclament plus aujourd’hui, d’ailleurs comme les ¾ des Grecs qui veulent garder la monnaie unique. Le programme du parti Syriza tient désormais en trois points :
1 - renégocier les plans d’aides conclus avec le FMI, la BCE et l’Union européenne,
2 – rééchelonner l’énorme dette du pays qui pèse 175% du Pib, peut-être en refusant de payer une partie des intérêts par exemple, ou en décrétant un défaut partiel d’une partie de la dette ;
3 - supprimer certaines mesures d’austérité pour soulager les souffrances de la population.
Ce programme fait peur aux marchés
On voit mal en l’état comment la Grèce pourrait se passer de l’aide financière internationale, sans risquer dans les mois qui viennent la faillite pure et simple, car si la situation économique du pays va beaucoup mieux, la Grèce n’a pas encore les moyens de se financer seule sur les marchés. Du coup, Angela Merkel et son ministre des finances ont indirectement laissé entendre que si la Grèce ne souhaitaient plus respecter ses engagements, et elle pourrait, ou plutôt devrait quitter l’euro.
Le scénario noir revient d’une crise générale de l’euro ?
En tout cas probablement pas. Car beaucoup de choses ont changé depuis que la Grèce avait failli faire imploser l’union monétaire européenne. L’Europe a appris d’abord dans cette crise, au cours de laquelle elle a commis une série de graves erreurs de pilotage économique. Et puis dans la douleur, plusieurs des grands défauts de conception de l’euro ont été corrigés. Il existe enfin des pare-feux pour empêcher qu’une crise qui éclaterait dans un pays ne se propage dans tous les autres.
Le 1er pare-feux, c’est l’Union bancaire : avec une supervision commune, et une mécanisme de résolutions d’éventuelles faillites bancaires.
Le 2ème pare-feux, c’est le pouvoir de la Banque centrale européenne qui peut désormais racheter des dettes publiques d’un pays en difficultés.
Enfin, 3ème pare-feux, la zone euro s’est dotée de fonds considérables qui lui permettent de venir en aide à un pays fragilisé. Voilà autant de leviers qui n’existaient pas quand avait éclaté la crise grecque. Voilà pourquoi le risque grec n’apparaît plus du tout comme un risque systémique. Il faut donc garder son sang froid et laisser décider les Grecs de leur destin. Ils sont bien placés pour connaître la valeur et la responsabilité de la démocratie.
Réaction sur Twitter @vincentgiret
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.