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Valls et Renzi vont-ils faire la même politique économique ?

Manuel Valls et l’italien Matteo Renzi se sont affichés tous les deux à Bologne, ce dimanche. Est-ce que ces deux là, font vraiment la même politique économique ? Et est-ce que c’est une vraie alliance qui peut changer la donne en Europe ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Il est vrai, Fabienne, que les images de leur rencontre d’hier sont saisissantes. Valls, Renzi, même chemise blanche et pantalon noir, bras dessus, bras dessus, même énergie, même style, même talent de communication, même distance à l’égard de la gauche traditionnelle de leur parti, même envie de rénovation radicale, ils sont tous deux décomplexés à l’égard de l’économie de marché.

À les entendre, oui, ils défendent le même cap : « L’Allemagne a réalisé il y a dix ans, les réformes que la France et l’Italie n’ont pas réussi à faire, a proclamé le premier ministre italien. L’Italie et la France doivent faire des réformes structurelles », a ajouté Renzi pour enfoncer le clou. Aides aux entreprises, réforme du marché du travail, réforme de l’Etat avec des coupes dans les dépenses publiques, on entend les mêmes mots de part et d’autre des Alpes. *

Mais l’Italie et la France sont-ils pour autant dans la même situation économique ?

En apparence oui. L’économie française est à l’arrêt et celle de l’Italie est en légère en récession. La deuxième et la troisième économie de la zone euro souffrent de maux parfois similaires, un chômage élevé, un problème global de compétitivité, et un système éducatif défaillant. Mais en regardant de plus près, il y a aussi de grandes différences : l’Italie peut afficher quelques très bons chiffres : elle est sortie de la procédure de déficit excessif et affiche désormais un déficit public sous la barre des fameux 3%. Sans la charge de sa dette, l’Italie serait même en excédent et dispose donc de marges de manœuvre, pour baisser les impôts par exemples.

Enfin, sa balance commerciale est excédentaire, ce qui souligne, à la différence de la France, la vitalité des exportations italiennes. Bref, l’Italie a des atouts que la France n’a pas, ou n’a plus. Et quand on sait que Matteo Renzi a une popularité qui dépasse encore les 50% d’opinion favorable, on comprend pourquoi Manuel Valls regarde avec tant d’envie de l’autre côté du Mont-Blanc.

Mais leur alliance pourraient-elle faire bouger l’Allemagne en faveur de mesures de relance de la croissance ?

Oui, mais pas du tout au sens où les Français l’entendent en général. En France, on pense d’abord rapport de force, alors que le rapport à l’Allemagne ne se construira aujourd’hui que par la force de conviction. Et cette conviction passe par la mise en œuvre effective des réformes structurelles. C’est en tout cas, le pari de Renzi qui cultive des relations étroites avec Angela Merkel. Le jeune président du conseil italien n’a jamais cru à l’efficacité d’une alliance politique avec la France et les pays du Sud contre l’Allemagne. Il fait ainsi très attention de ne pas trop coller à la France quand celle-ci donne l’impression tenace de tergiverser avec les réformes. Renzi, à la différence de Hollande, avait annoncé la couleur aux Italiens qui savent à quoi s’en tenir en matière de réformes. Ainsi si Manuel Valls a vraiment besoin de Matteo Renzi, l’inverse ne saute pas franchement aux yeux.

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