L'état dégradé des relations franco-allemandes
François Hollande et Angela Merkel sont attendus ce vendredi à Evian pour les traditionnelles Rencontres franco-allemandes. Dans quel état se trouvent les relations entre nos deux pays ?
Les relations entre la France et l’Allemagne sont dans un état dégradé, de faible intensité, avec une part de méfiance réciproque. Ça tourne un peu à vide dans des rituels figés et incantatoires. Mais il faut dire la vérité, cela ne date pas d’hier. Le fossé s’est encore creusé ces cinq dernières années.
Il faut d’abord rappeler ce qu’a été l’essence et l’effectivité de cette relation entre nos deux grands pays. Premièrement, le couple franco-allemand est l’un des outils de pouvoir les plus puissants dont dispose un chef de l’Etat français. Si la France et l’Allemagne défendent une position commune, c’est une force d’entrainement, une capacité à faire et d’influence sans aucun équivalent, et ça peut marcher même dans une Europe à 27.
Le deuxième principe, c’est que cette relation franco-allemande se situe historiquement au dessus des luttes partisanes, c’est une vision, un objectif de long terme : s’il fallait donner un seul exemple, l’histoire a retenu le soutien de François Mitterrand à Helmut Kohl en faveur de l’installation d’euromissiles pour faire face à ce qu’était alors la menace soviétique et Mitterrand, homme de gauche, avait pris cette position contre toute la gauche européenne, en raison d’une vision particulière de la relation franco-allemande et de l’intérêt de long terme européen. Et on pourrait citer bien d’autres exemples, qui marchent d’ailleurs des deux côtés.
La force du couple franco-allemand a disparu
Les torts sont globalement partagés. Il y a un faisceau de raisons : bien sûr, la montée en puissance de l’économie allemande d’un côté et le décrochage économique de la France font qu’il n’y a plus cette quasi-égalité d’autrefois qui facilitait les choses. Il y a aussi bien sûr une responsabilité de nos dirigeants politiques, mais nos deux sociétés souffrent aussi d’un manque de connaissance et d’intérêt l’une pour l’autre.
Et puis enfin, il faut bien reconnaître, il y a aujourd’hui une complexité extrême des problèmes auxquels sont confrontés nos deux pays : le Brexit, la crise des réfugiés, la situation de l’euro, sans parler du terrorisme, autant de sujets brûlants sur lesquels nos deux pays ont bien du mal à travailler ensemble.
Au plan économique, le plus urgent : le Brexit
Ce sera l’un des premiers sujets qu’évoqueront la chancelière et le président. Et pour le coup, la bonne intuition est celle de la France : il ne faut pas laisser traîner ou s’embourber l’affaire britannique, elle est porteuse d’une incertitude porteuse de déconvenues économiques pour tout le monde. C’est très dangereux et nos amis allemands pour l’instant font plutôt l’autruche, ils veulent ménager les Britanniques et tenter de trouver des petits arrangements qui ne sont pas à la hauteur de la situation.
Voilà exactement le dossier même où, si la France et l’Allemagne avaient une position commune, ils feraient autorité au sein de l’Union, avec une réelle capacité d’entraînement. A l’inverse, les Britanniques seront tentés et ils le font déjà, de jouer de nos divergences. La rencontre d’Evian aujourd’hui entre François Hollande et Angela Merkel constitue, à cet égard, un nouveau test pour le relation franco-allemande et au delà pour l’Europe.
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