Ralentissement de la croissance en Grande-Bretagne
Pénaliser les conservateurs, certainement, leur faire perdre ces élections décisives, c’est possible, même si ce n’est pas sûr. C’est en tout cas un gros coup dur pour David Cameron et ses alliés libéraux. C’est une contre-performance qui a surpris tout le monde : l’économie britannique affichait depuis des mois une croissance insolente, la meilleure des pays occidentaux en 2014, cette fois elle pique du nez : 0,3% d’augmentation du PIB, c’est à dire de la richesse nationale, au premier trimestre 2015, c’est moitié moins que le trimestre précédent, et c’est surtout la plus mauvaise performance depuis trois ans. La Grande Bretagne fait même moins bien que la zone euro, et cet argument n’a pas tardé à être utilisé : les travaillistes ont affirmé que l’économie britannique n’était pas encore réparée, après la grave crise de 2008, et que la faute en revenait à la politique de Cameron. Les conservateurs ont répliqué que dans un contexte difficile, ce serait folie que de confier aux travaillistes, forcément dépensiers, les rênes du pays.
Il y a beaucoup de tensions pendant cette campagne, il faut dire que ce sont des élections décisives pour l’avenir de la Grande Bretagne…
Certains affirment que ces élections sont les plus importantes depuis un siècle. Le Royaume-Uni se trouve confronté à des enjeux cruciaux et vit une grave crise d’identité, lui aussi et en dépit de ses bons résultats économiques depuis trois ans, et du retour du plein emploi. Il s’en était fallu de peu, il y a moins d’un an, pour que les Ecossais et leur désir d’indépendance fassent éclater le Royaume Uni, désormais, c’est l’appartenance à l’Europe qui fait débat, depuis que le Premier ministre David Cameron a promis, très imprudemment, d’organiser un référendum, sur une possible sortie de l’Union, avant 2017. Là aussi, le résultat est très incertain, la Grande-Bretagne est donc entrée dans une période de forte instabilité politique et elle est face à un choix historique.
Mais en cas de victoire des travaillistes, il n’y aurait pas de référendum sur l’appartenance à l’Europe ?
En principe, vous avez raison, Ed Miliband, le leader des travaillistes, a déclaré à maintes reprises qu’il se refuserait à organiser un tel référendum, mais dans les faits, rien n’est moins sûr. C’est une question qui divise toutes les forces politiques, et la pression exercée sur le prochain Premier ministre sera, dans tous les cas, très forte sur ce sujet. Déjà, le patronat, très inquiet, mène campagne, en affirmant que "l’appartenance à l’Europe et l’accès à son marché unique sont fondamentaux pour l’emploi et la croissance au Royaume-Uni ." Mais il y a aura, quelque soit le résultat dans huit jours, une forte volonté de renégocier de nouvelles règles avec l’Europe. On le voit, les élections de la semaine prochaine sont autant décisives pour l’avenir du Royaume-Uni que pour celui de l’Union européenne.
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