Quand le FMI appelle à la dépense publique
Le FMI avance ses arguments et prend pour prétexte les menaces grandissantes sur l’économie mondiale : terrorisme, Brexit, etc… Les temps changent, les méthodes avec. Que dit exactement le Fonds Monétaire International ? Que la croissance économique, quels que soient les pays, reste faible et que les risques à la baisse sont devenus plus importants. L'institution enfonce le clou une semaine après avoir déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour cette année et l'an prochain. En clair : il faut redoubler d’efforts et utiliser tous les moyens à disposition pour muscler la croissance. Et ces moyens passent par la dépense publique.
Quelles dépenses ?
Le FMI invite les Etats à investir notamment dans les infrastructures. Certains pays sont nommés précisément. Des pays qui, aux yeux du FMI, disposent des marges budgétaires suffisantes pour agir. Australie, Canada, Etats-Unis et Allemagne sont appelés à investir pour gonfler leurs capacités productives, doper la demande et, à terme, attirer les investissements privés. On ne parle pas de n'importe quelles dépenses mais de celles bien ciblées susceptibles de relancer la machine.
Changement radical dans la philosophie du FMI ?
L'appel à investir n'a rien d'étonnant et répond à une certaine logique. Ce qui évolue dans l'argumentaire du FMI c'est son approche de la dépense publique. Ce mouvement a été mis en évidence au printemps à travers une note de trois économistes du FMI. Que disaient-ils ? Ni plus ni moins que le néolibéralisme, c’est à dire tout ce qui se rapproche de la doctrine économique basée notamment sur la réduction du rôle de l’Etat, creuse les inégalités. Et l’accroissement des inégalités amenuise le niveau et la viabilité de la croissance. Autre argument avancé : si certains capitaux favorisent la croissance, les méthodes utilisées sont sujettes à caution. De quoi désarmer plus d'un altermondialiste. Est-ce un retournement de la part du FMI ? Non. Tout simplement un rappel des fondamentaux. Il faut se rappeler que les missions assignées au FMI lors de sa création en 1944 dans la foulée des accords de Bretton Woods étaient de garantir la stabilité du système monétaire international pour éviter le retour d’une crise de type 1929. Plus loin que la simple politique monétaire, appeler aujourd’hui à la relance de l’investissement public participe de ce retour aux fondamentaux. La crise est passée par là.
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