Pinault-Arnault : la guerre de l'art contemporain
Bernard Arnault a inauguré sa fondation Louis Vuitton au cœur du bois de Boulogne il y a 18 mois. François Pinault va maintenant ouvrir la sienne, sous la coupole de l’ancienne bourse du Commerce, à deux pas des Halles. Un centre d’art contemporain international en plein cœur de Paris qui remplace son vieux projet de l’ile Seguin, abandonné pour cause de lourdeurs administratives. François Pinault, l’ex-PDG de Pinault Printemps, Redoute, devenu le groupe Kering, s’est alors exilé à Venise, au Palazzo Grassi, mais aujourd’hui, le collectionneur prend sa revanche sur le PDG de LVMH, Bernard Arnault et sur sa fondation du bois de Boulogne dessinée par l’architecte Paul Ghéry, un nouvel épisode de cette guerre que se livrent les deux hommes depuis plus de 20 ans.
Deux hommes très différents
Ils ne viennent pas du tout du même monde. François Pinault, fils de marchand de bois breton a envoyé valser l’école à 16 ans, c’est un autodidacte, venu à l’art au début des années 70 avec l’achat d’un tableau de l’école de Pont Aven. Bernard Arnault, 13 ans plus jeune, fils d’ingénieur alsacien, sort de polytechnique. Il a débuté sa collection par un Monet en 82… L’un est plus riche que l’autre, Bernard Arnault, première fortune de France pèse 34 milliards d’euros, François Pinault, qui aujourd’hui ne se consacre plus qu’à ses collections, se classe au 8ème rang avec 13 milliards mais sa collection est plus importante. Leur duel dans l’art a commencé dans les années 90, d’abord sur le terrain du rachat d’entreprises de luxe avant de se déplacer sur le terrain de l’art en passant par celui des prestigieuses maisons de ventes aux enchères. Sotheby’s, rachetée par Arnault. Philipps rachetée puis revendue avec des pertes par Pinault.
D’impressionnantes collections
François Pinault possèderait quelques 3 500 œuvres qu’il n’a cessé d’exposer à travers le monde, et qu’on peut donc voir à Venise, depuis 10 ans. Son premier achat, un Rothko acheté 8 millions de dollars. Ceux qui sont allés à Venise connaissent le chien rose de Jeff Koons qui vaut la bagatelle de 40 millions d’euros. Arnault s’est lancé plus tard, on estime sa collection à un millier d’œuvre, avec notamment un Basquiat de 26 millions d’euros. Tous deux se disputent les mêmes artistes, les Cattelan et ses chevaux empaillés, les Serra, etc..... Tous deux sont courtisés par les mêmes marchands, tous deux s’intéressent aux jeunes artistes, et tous deux font et défont le marché de l’art contemporain mondial, tous deux renouent avec la tradition du mécénat. Et, dans une période de vaches maigres pour les finances publiques, participent au soutien à la création et aux artistes vivants. Même si, personne n’est dupe, investir dans l’art bon pour l’image d’un groupe et juteux en matière d’investissement : le mécénat d’entreprise représente aujourd’hui en France quelques 364 millions d’euros par an.
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