Panneaux solaires : le fabricant français Systovi met la clé sous la porte et dénonce un "dumping chinois"
C'est un exemple du poids de la concurrence chinoise sur la filière photovoltaïque française : le fabricant français de panneaux solaires Systovi, met la clé sous la porte. Placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce, il vient d'annoncer, le 17 avril, qu'il mettait fin à ses activités. Pourtant, les panneaux solaires ont le vent en poupe, de plus en plus de particuliers et d’entreprises en installent sur leurs toits. Donc, la demande est bien là. Mais, Systovi, petite PME française de 90 personnes, basée à Carquefou près de Nantes, ne fait pas le poids face à la déferlante chinoise.
Cette concurrence chinoise n'est pas nouvelle, mais là, elle s’est accélérée. Déjà, parce que la Chine est en surcapacité. Elle a des stocks à écouler, parce que sa consommation intérieure diminue et par conséquent, elle casse les prix. Et puis parce que les États-Unis ont complètement fermé leurs frontières aux panneaux solaires chinois. L’Europe reste donc le dernier grand marché ouvert. Il est impossible pour des entreprises comme Systovi de résister, c’est un cas d’école.
Deux giga factory "tricolores", d'ici 2026
La France essaie pourtant de lancer sa propre filière photovoltaïque. Mais elle est très en retard. Et ses panneaux solaires sont surtout fabriqués, justement, par des petites entreprises, comme Systovi, et pas par de gros acteurs qui peuvent faire des économies d’échelle et être plus compétitifs. Roland Lescure, le ministre de l’Industrie, cherche à développer une filière, à coups de centaines de millions d’euros. Deux giga factory doivent ouvrir d’ici deux ans pour produire en masse des panneaux "tricolores" : une usine à Sarreguemines dans l’Est et une autre du côté de Fos-sur-Mer, dans le Sud. Mais le problème, c’est que ces usines ne vont pas maîtriser toute la chaîne de fabrication, la France sera loin d’être totalement indépendante vis-à-vis de l’Asie. Et pour cause, la France part de loin, aujourd’hui 97% des panneaux solaires que nous achetons viennent de Chine.
Il n’y a pas de vraies barrières à l’entrée de l’Europe. Notamment, parce que les Allemands ne veulent pas en mettre, pour ne pas froisser les Chinois à qui ils vendent des machines et des voitures. Cette question de l’indépendance de l’Union face à la concurrence asiatique, sur les panneaux solaires, mais aussi sur les batteries électriques, les semi-conducteurs, le numérique, l’intelligence artificielle, la construction navale, sont justement au cœur du sommet européen qui se tient en ce moment même à Bruxelles. Un sommet auquel Emmanuel Macron est présent.
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