Législatives en Israël: sous le signe de l'économie et du social
Et c’est un paradoxe dans un pays où les problèmes de sécurité ont le plus souvent accaparé les esprits. Les près de 6 millions d’électeurs israéliens appelés aux urnes aujourd’hui le disent sans ambages : c’est d’abord l’économie qui les préoccupent. Alors ce n’est pas facile à comprendre parce qu’en apparence tout va bien ou presque dans ce domaine : la croissance est soutenue – elle oscille entre 2 et 5% depuis plusieurs années, le chômage est tombé à un petit 5% ; l’inflation est faible, les comptes publics sont sous contrôle. Mieux encore : les investissements étrangers, déjà très nombreux, ont bondi en janvier : avec ses ingénieurs ultra-qualifiés, Israël est plus que jamais le prototype d’une « économie de l’innovation », c’est une puissance technologique rayonnante, une « Nation startups », leader dans l’informatique, les technologies de la communication, les nanotechnologies, la santé ou encore les technologies dites « propres ». Autant d’activités qui dopent les exportations ; Israël profite aussi d’être fortement connectée au marché américain, au Nasdaq et à ses entreprises géantes.
Alors d’où viennent les problèmes ?
Le 1er problème, c’est que trop peu d’Israéliens profitent des bons fondamentaux de leur économie. Il n’y a pas de partage équitable des fruits de la croissance. Résultat des politiques très libérales, la société israélienne est extrêmement inégalitaire. Un israélien sur quatre serait même en situation de pauvreté, c’est l’un des taux les plus élevés pour un pays ayant ce niveau avancé de développement. On note aussi l’extrême difficulté des populations les moins formées, venant tant des minorités arabes, que juives ultra-ortodoxes, populations qui sont souvent tenus à la marge du marché de l’emploi.
Et c’est dans le domaine du logement que la crise est le plus aiguë
Oui, le logement constitue le grand point noir de l’économie israélienne. Un rapport officiel a révélé en février dernier qu’entre 2008 et 2013, les prix de l’immobilier avaient bondi de 55% et ceux des loyers de 30%. Une augmentation vertigineuse qui a contraint de nombreux ménages à couper drastiquement dans d’autres dépenses pour éviter de perdre leur logement. Les classes populaires, mais aussi les classes moyennes sont durement touchées par cette envolée des prix. Le même rapport stigmatisait les politiques publiques marquées par une bureaucratie monstre et une planification totalement déficiente. Pas étonnant dans ces conditions que la question du logement monopolise tous les débats. C’est par un paradoxe étonnant que la politique a tenté de reprendre ses droits : ce sont 10 grands patrons israéliens et palestiniens qui se sont offerts de grands encarts dans la presse ces jours-ci pour demander aux politiques de « briser l’ l’impasse » dans laquelle se trouve aujourd’hui le processus de paix israélo-palestinien.
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