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Le décryptage éco . Rolls-Royce victime de la chute de la livre sterling

Rolls-Royce cale. Le symbole du luxe outre-Manche vient de subir la perte la plus importante connue jusqu'à ce jour dans une entreprise britannique: quatre milliards de livres, près de cinq milliards d’euros. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Sigle Roll Royce (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Rolls-Royce, le symbole du luxe britannique, vient de subir la perte la plus importante connue dans une entreprise outre-Manche. Le fabricant de moteurs britannique a perdu sa chemise cette année avant même que le Brexit ne soit effectif. La baisse continue de la livre sterling en est la principale responsable ; cinq milliards d’euros de perdus, la grosse plus claque jamais vue en Grande-Bretagne. Le constructeur accumule les problèmes avec une amende de 671 millions de livres pour une histoire de corruption sur les marchés américains et brésiliens à laquelle s’ajoute 306 millions de livres de restructuration de son fonds de retraite. Même chez Rolls-Royce, on peut avoir la guigne et dans presque toutes les divisions marines, aéronautique et nucléaire.  Rolls-Royce restructure donc avec la suppression de 3 600 emplois dans le monde et des économies à trouver. Rolls comme les compagnies aériennes Easyjet ou Ryanair sont donc les premiers à prendre de plein fouet l’effondrement de la livre et de la perte du pouvoir d’achat des consommateurs, on se demande ce que ce sera quand le Brexit sera effectif.

L’économie britannique a résisté

La Grande-Bretagne est toujours dans l’Union européenne. L’incertitude est à  venir.  L’article 50 devrait être activé entre le 10 et le 30 mars comme l’a annoncé un ministre mardi 14 février, c’est-à-dire dans un gros mois. Jusque-là, Theresa May ne peut conclure aucun accord commercial avec d’autre pays malgré tous les voyages à l’étranger qu’elle a fait ces derniers temps. C’est donc à partir de mars que l’on pourra regarder à la loupe comment la Grande-Bretagne s’en sort. Aujourd’hui, ce qu’on constate, c’est six mois de bruit et de fureur autour du Brexit qui ont donc déjà conduit à la dépréciation de la monnaie et à la reprise de l’inflation. Elle est à 1,8 contre 1,6 % l’an passé. Ce qui signifie que certains biens de consommation courante importés sont déjà plus chers pour l’anglais moyen. Pour ceux qu’une sortie de l’Europe et même de l’Euro séduit, c’est maintenant  qu’il faut regarder attentivement la situation de la Grande-Bretagne. Il y aura des leçons à en tirer.

Le retour de l’inflation

Les prix à la consommation pour le particulier ont donc déjà augmenté, 6 % dans les transports pour ne prendre qu’un exemple. Et si la baisse de la livre rend les produits britanniques compétitifs, l’Angleterre ne produit plus grand-chose aujourd’hui. Et la banque d’Angleterre a du soutenir l’économie  en réinjectant beaucoup d’argent depuis six mois comme le fait d’ailleurs la BCE pour la zone euro et comme l’a fait la Fed pendant la crise, mais ça ne peut pas être éternel. L’inflation reprend aussi, les experts prévoient 3 % pour cette année et une croissance molle qui pourrait repasser sous les 2%. Le ministère des Finances a déjà mis en place des baisses d’impôts pour les plus modestes et gelé la taxe sur les carburants. On voit que, pour l’instant, on essaie juste de contenir le feu avant que l’incendie ne se déclare.

Un modèle à repenser

La finance et l’immobilier ont tiré l’économie jusqu’à aujourd’hui. Demain, ces deux secteurs pourraient bien être ceux qui seront les plus pénalisés avec la chute des prix de l’immobilier et une hausse des taux d’intérêts. Cela dit, le pays pourrait peut-être redevenir attractif pour les investisseurs mais pas tout de suite. C’est donc un modèle économique à repenser en peu de temps. Avec un déficit de 4 % et une dette de 90 % de son PIB, la Grande-Bretagne a-t-elle les moyens de tenir, de passer  par une phase de transition avant de retrouver une forme olympique ?c’est toute la question. Ça s’appelle jouer à se faire peur.


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