Le décryptage éco. Recruté par Goldman Sachs, Barroso obtient le blanc-seing de l’Europe
L’ancien président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, n’a pas commis de faute en acceptant de travailler pour la banque Goldman Sachs. Les experts du Comité d’éthique de la Commission viennent de rendre leur avis… au risque de provoquer quelques nouveaux remous.
José-Manuel Barroso n’a violé aucune règle en étant recruté par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs, mais " n’a pas fait preuve d’un bon jugement " ! Barroso sort du confessionnal avec l’absolution. Pas de pêché mortel, même pas véniel. Tout au plus un petit écart d’esprit de discernement. Un Pater, un Ave, et la vie continue.
Le problème avec cet avis du comité d’éthique c’est que si Barroso obtient le blanc-seing bruxellois, pas sûr qu’il soit blanchi dans l’esprit de l’opinion ! Une opinion déjà chauffée à blanc contre les institutions et qui aura vite fait de considérer une fois de plus l’Europe comme un " machin " qui lui échappe.
Rappel des faits
Début juillet, Goldman Sachs, la banque d’affaires américaine, pointée du doigt pour son rôle supposé dans le déclenchement de la crise des subprimes dans les années 2000, puis de la crise de la dette grecque – je rappelle que cette banque a maquillé les comptes publics du pays pour faciliter son entrée dans la zone euro, puis a ensuite spéculé sur la dette grecque pendant la crise –, a annoncé le recrutement de José-Manuel Barroso au poste de président non exécutif de sa branche internationale basée à Londres. Son rôle étant de conseiller la banque sur le Brexit.
Face au tollé suscité par cette annonce, l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait ouvert une enquête pour vérifier la conformité de l’embauche de Barroso avec la législation européenne.
Que dit précisément le Comité d’éthique ?
Les arguments avancés par le comité d’éthique sont édifiants, assénés avec l’aplomb digne de la plus pure technocratie.
1. Il reconnaît que la période de " refroidissement réglementaire " - l’expression est un joyau ! – est respectée. Il s’agit des 18 mois pendant lesquels un Commissaire européen ne peut accepter un travail portant sur des dossiers qu’il a eus à traiter lorsqu’il était en fonction.
2. Les membres du Comité d’éthique estiment qu’en toute logique – sous-entendu : comme il n’y a pas de problème de fond –, ils n’auraient pas dû être consultés.
3. Cerise sur le gâteau : les experts estiment qu'ayant été directement impliqué dans la gestion de la crise européenne qui a failli mettre l’euro à genou, José-Manuel Barroso possède une expérience et des connaissances qui seront précieuses à la banque d’affaires. Du taillé sur mesure.
Est-ce que cet épisode peut pousser la Commission européenne à revoir son code de bonne conduite ?
Rien de tel n’est prévu. C’est la médiatrice de l’Union européenne qui le dit. Le code est-il suffisamment strict ? Même le Comité d’éthique ne veut pas répondre à cette question. Quant à la Commission européenne, elle veut se donner le temps d’examiner l’avis des experts. L’affaire ira-t-elle plus loin pour José-Manuel Barroso ? Certainement pas. Pour la crédibilité de l’Europe, gageons que ses successeurs sauront faire preuve, comme le dit le Comité d’éthique, d’un " meilleur jugement ".
Après tout, le Brexit, les difficiles négociations du Ceta, le probable échec du Tafta et la montée des populismes en Europe… ne sont que peccadilles.
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