Le décryptage éco. Pourquoi le tiers payant généralisé est reporté
L'application du tiers payant généralisé est repoussée, les explications de Fanny Guinochet.
La généralisation du tiers payant devait avoir lieu le 1er décembre prochain.
Mais Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a repoussé l'échéance. La ministre estime que ce n’était pas techniquement faisable. Elle s’appuie sur un rapport de son administration qui va être rendu publique lundi 23 octobre. Ce rapport dit qu’en l’état, la généralisation du tiers payant, ce mécanisme qui dispense le patient d’avancer de l’argent au médecin, est prématurée et irréaliste. Les systèmes d’informatique ne sont pas accordés.
C’est un problème, car le médecin veut être sûr d’être remboursé par la sécurité sociale, mais aussi par la mutuelle du patient. Comme il y a plus de 500 mutuelles en France, il n’est pas simple d’établir les liaisons entre tous ces acteurs. Par le passé, on a vu dispositifs se transformer en gouffres financiers à cause de problèmes informatiques, Cela a été le cas avec le dossier médical personnalisé, le DMP, qui n’a jamais marché.
Le tiers payant représente 35% des actes
Pourtant, aujourd’hui, le tiers payant concerne 35% des actes médicaux. Et il marche bien pour certaines catégories de patients : les malades qui ont des affections longues, mais aussi les femmes enceintes ou encore les populations les plus pauvres. Pour ces 11 millions de personnes, cela ne changera pas, le tiers payant restera obligatoire. Dans leur cas, il n’y a souvent qu’un seul acteur : la sécurité sociale qui prend tout en charge.
Est-ce qu’il n’y a pas aussi une raison budgétaire derrière ce report ? L’Etat cherche à réduire les dépenses de santé, et il a besoin d’impliquer tous les professionnels du système. Et le tiers payant généralisé était devenu un totem : les médecins n’en veulent pas, ils ont bataillé contre Marisol qui a imposé la généralisation.
Le gouvernement joue l'apaisement
Pour eux, c’est de la paperasserie, des contraintes en plus... Certains syndicats de médecins ont estimé que sur une consultation à 25 euros, le coût de gestion du tiers payant représenterait jusqu’à 4 euros, cela n’est pas rentable. Agnès Buzyn fait donc le choix de calmer le jeu à un moment où elle veut impliquer davantage les médecins libéraux, faire moins d’hospitalisation, plus d’ambulatoire.
Ce report ne signe pas pour autant l’abandon de la généralisation du tiers payant. Le ministère de la Santé assure que cela se fera pendant le quinquennat. Mais ce report jette un doute, car pendant la campagne Emmanuel Macron avait évoqué un tiers payant optionnel.
Aujourd’hui, le gouvernement dit qu’il veut appliquer la méthode douce, comme ce qui s’était fait pour les pharmacies, sans obligation ni délais contraints. Des pharmacies qui pratiquent aujourd'hui quasiment toutes le tiers payant intégral.
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