Cet article date de plus de sept ans.

Le décryptage éco. Payer plus cher pour embaucher, si c'est en CDD

Pour inciter les employeurs à embaucher en CDI plutôt qu’en CDD, le gouvernement envisage un système de bonus-malus.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet , journaliste à l’Opinion
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Photo d'illustration. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

L’idée est simple : si vous embauchez quelqu’un en contrat court, en CDD, en intérim, vous paierez plus cher, on en vous dissuadera. Si Vous prenez la personne en CDI, on vous encouragera, vous aurez une baisse de charges. C’est le principe du "pollueur –payeur". C’est ce que veut faire le gouvernement qui veut instaurer une cotisation patronale modulable, variable. Elle pourrait aller de 2% à 10 %.

L’objectif est bien d’encourager les embauches en contrats durables. Parce que sans CDI, dans notre société, c’est difficile d’avoir un prêt bancaire, mais aussi de se loger… C’est bien, non ? En tout cas, c’est un système logique, que recommande Jean Tirole notre Nobel d’Economie. Et puis c’est vrai qu’il faut faire quelque chose : aujourd’hui, 86 % des embauches se font en CDD.

En 10 ans, les contrats de moins d‘un mois ont augmenté de plus de 230 %

Aujourd’hui 50 % des contrats durent moins d’un mois. Ca coûte très cher à la collectivité, notamment à l’assurance chômage, parce qu’il y a des systèmes pervers, d’intermittence qui se sont installés. Certaines entreprises font payer leur flexibilité du travail à l’assurance chômage. Elles vous font travailler 10 jours, puis c’est l’assurance chômage qui vous indemnise, et ainsi de suite.

Mais ca râle du côté des patrons ? Oui, et pas qu’un peu ! Certains secteurs sont de gros consommateurs de contrats courts. Ca tient à la nature même de l’activité. C’est le cas dans l’hôtellerie, la restauration, l’événementiel, Plus globalement, les patrons ne veulent pas d’une hausse de cotisation. La taxation des contrats courts existe depuis 2013, et ça n’a pas empêché l’explosion des contrats courts, disent-ils. C’est vrai, sauf que la cotisation n’était pas très dissuasive, et qu’aujourd’hui, surtout, la donne a un peu changé.

Avant, les chefs d’entreprise avaient des "excuses" pour ne pas embaucher en CDI 

Aujourd’hui, avec les ordonnances qui flexibilisent le marché du travail, ils peuvent normalement se séparer plus facilement d’un salarié, ça ne devrait pas faire reculer le gouvernement. D’autant que tous les syndicats sont favorables au bonus malus. Et puis, c’était dans le programme d’Emmanuel Macron.

Mais, il faut veiller à bien mettre le curseur au bon niveau. Car surtaxer ça peut aussi décourager l’embauche, ça peut inciter au travail au noir. Et s’avérer alors carrément contre-productif.

Le chiffre du jour

1 enfant sur 5 vit dans la pauvreté, il y aurait en France 31 000 enfants sans domicile, c’est aujourd’hui la Journée du refus de la misère.

Ou bien : près de 110 millions d’abonnés à Netflix, le groupe américain de vidéo sur interne cartonne, et fait mieux que prévu. Il a enregistré au troisième trimestre une nouvelle hausse de ses abonnés, avec 4,45 millions d'abonnés rien qu’ au troisième trimestre tiré par ses productions originales comme la dernière saison de "Narcos". 

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