Le décryptage éco. Nouveau coup dur pour les chauffeurs VTC, soumis à un examen ultra-sélectif
Vendredi, Elisabeth Borne, la ministre des Transports reçoit les chauffeurs de VTC et les taxis. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Un grand plan social se prépare, peut-être le plus important depuis qu’Emmanuel Macron est à l’Elysée puisqu’il pourrait concerner 15 000 personnes, précisément tous ceux qui veulent devenir chauffeurs de VTC. Les personnes qui souhaitent travailler pour des plates-formes comme Uber ou Chauffeur privé, et même une partie de ceux qui exercent déjà, doivent pour cela passer un examen, avec un questionnaire. Comme à l’école, sauf que les questions posées sont dignes d’une entrée à l’ENA.
Des questions pièges à l'examen professionnel
Voici quelques exemples de questions posées : "Savez vous ce que signifie le sigle Urssaf ?" Réponse : l'Union de recouvrement pour la Sécurité sociale et les allocations familiales. "La TVA est-elle une charge ou un mouvement de trésorerie ?" Réponse : un mouvement de trésorerie. "Que met-on dans l’actif d’un bilan comptable ?" Réponse : ce sont les éléments positifs de la trésorerie, les stocks, les créances, les immobilisations.
Pourquoi un tel examen ? L’année dernière, François Hollande a fait passer une loi, la loi Grandguillaume, qui impose ces nouvelles règles. Elles entreront en vigueur le 1er janvier prochain. Jusqu’alors, il suffisait d’avoir un permis de conduire pour exercer le métier. L’objectif, sur le papier, est de professionnaliser et de réguler le secteur, ce qui est une bonne chose. Mais le problème, c’est que l’examen est organisé par les Chambres de métiers et de l’artisanat, où les taxis sont influents. Ces taxis n’ont pas envie de voir arriver des concurrents, même si eux aussi doivent passer une partie de l’examen.
Une forme de sélection et un risque d'exclusion
Pour la session d’octobre, les premiers taux de réussite aux écrits ont été de... 1% dans le Val-d’Oise, de 8% en Seine-Saint-Denis.
Certes, les conditions de travail pour ces plateformes ne sont pas optimales, mais le candidat Macron avait dit qu’il ferait tout pour en finir avec les rentes, pour aider ces jeunes pour qui "c’est souvent plus simple de trouver un client qu’un job". En fait, cela revient à instaurer une sélection drastique pour des jeunes peu diplômés qui veulent s’insérer, alors que dans le même temps, le gouvernement prend des pincettes pour instaurer un début de sélection à l’université.
Que va faire Elisabeth Borne ? La semaine dernière, la ministre a proposé de favoriser la reconversion de ceux qui seront recalés pour devenir routier, en disant qu’il y a 22 000 postes salariés à pourvoir. Pas sûr que cela calme la colère. Il y a déjà eu des manifestations de chauffeurs ces dernières semaines et il y a déjà des menaces de blocage pour les fêtes.
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